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« Accueillir ici »

Le projet avance à toute allure. Le groupe Exilé·es a choisi de demander à rejoindre le mouvement Emmaüs. Faisons le point.

Alors qu’une nouvelle loi « asile et immigration » s’annonce, les représentants d’Emmaüs dénoncent, dans une tribune au Monde du 1er février, « l’essor de cette pensée raciste décomplexée » et nous encouragent : « Toutes et tous, prêtons main-forte aux nombreuses associations qui viennent en aide aux personnes exilées ». Le groupe Exilé·es a choisi de demander à rejoindre le mouvement Emmaüs pour offrir de meilleures conditions de vie et une meilleure protection aux personnes accueillies. Nous vous racontons où nous en sommes aujourd’hui, à la fin de l’hiver 2024.

OACAS, Organisme d’Accueil Communautaire et d’Activités Solidaires

Les structures qui bénéficient de cet agrément peuvent accueillir toute personne, quelle que soit sa situation administrative et lui apporter une protection : elles s’engagent à offrir un hébergement digne, sous forme de vie communautaire, des activités solidaires, et à accompagner les personnes accueillies dans leurs démarches administratives, l’apprentissage du français, le soutien psychologique et la formation.Les compagnes et compagnons – les compas – reçoivent une « allocation communautaire » mensuelle d’environ 390 euros.

L’Association porteuse du projet : LE MAS de Peyrelevade

Déjà engagée depuis 7 ans dans l’accueil des personnes exilé·es, l’association Montagne Accueil Solidarité (MAS) de Peyrelevade, réunit des habitant·es de différentes communes, dont Faux-la-Montagne, Felletin, Gentioux et Tarnac
Le MAS a désormais deux branches 

  • la branche Accueil qui assure l’hébergement des personnes exilées et l’accompagnement de jeunes en formation, principalement au lycée des métiers du bâtiment de Felletin. Les personnes sont accueillies chez l’habitant·e ou à la Maison aux Volets Rouges, déjà acquise en 2017 dans le bourg de Tarnac.
  • la nouvelle branche Communautaire qui s’occupe de la mise en place et du fonctionnement de la future communauté Emmaüs de la Montagne limousine.

Une nouvelle maison d’accueil

L’année a commencé avec une bonne nouvelle : tout début janvier, le MAS de Peyrelevade a officiellement réalisé l’achat d’une maison dans le bourg de Tarnac, grâce aux dons de particuliers et du soutien financier de la fondation Abbé Pierre, du Fonds Riace, de la fondation de France et du Fonds de dotation la Solidaire.
À deux pas de la Maison aux Volets Rouges, l’endroit est prometteur : un grand jardin arboré, une maison lumineuse et spacieuse pouvant héberger des personnes seules ou en famille, des espaces de vie communautaire, et un niveau entier de 150 m² pour un atelier de conserverie. Le pavillon est un peu défraîchi et des aménagements sont nécessaires, c’est maintenant une phase de réflexions et de travaux qui s’annonce : plans, isolation, réfection de la plomberie et du chauffage. Nous sommes ravi·es de pouvoir déjà compter sur l’engagement de camarades apportant leur savoir-faire et leur énergie, une partie des travaux pourrait être aussi réalisée avec les compas eux-mêmes.

La future conserverie

Le rez-de-jardin sera dédié à une activité de conserverie qui contribuera à l’autonomie économique indispensable à toute communauté Emmaüs. Ce projet de conserverie avait été imaginé depuis quelques années par un groupe de travail du Syndicat, il a fusionné avec les travaux du groupe Exilé·es et est aujourd’hui porté par le MAS de Peyrelevade. Mené par une passionnée de conserves qui se forme à la mise en place de l’activité et à la fabrication, le projet s’est affiné au gré des différentes visites et recherches. Le projet que nous portons consiste à soutenir la production locale et sera accessible aux agricultrices et agriculteurs ainsi qu’aux particuliers. Nous souhaitons que cet atelier nous permette d’utiliser au mieux les ressources du territoire en comptant sur les cultures et le glanage.

D’autres activités en vue

Nous étudions d’autres possibilités d’activités pour parvenir à l’autonomie économique de l’OACAS. Une activité de traiteur pourrait proposer des plats à emporter ou livrés, confectionnerait des repas servis lors des nombreux évènements et rencontres qui ont lieu sur la Montagne limousine. D’autres pistes sont encore à l’étude (maraîchage, pain, tofu, œufs).

Rejoindre Emmaüs

Nous avons choisi de demander à rejoindre le mouvement Emmaüs car nous en partageons les valeurs : Emmaüs revendique un accueil inconditionnel, sans distinction d’origine, et soutient quiconque en aurait le besoin, au sein d’une communauté. Rejoindre un réseau, c’est aussi pour nous l’occasion de faire des rencontres, de permettre des circulations entre des lieux de vie, et par là même, de se renforcer dans nos projets. C’est aussi la possibilité pour nous de participer à une action politique nationale de lutte contre la précarité, le mal-logement et les situations désastreuses des personnes exilées sur notre sol.
À divers endroits, des compagnons dénoncent mauvais traitements, exploitation, violences verbales et sexuelles et expulsions ciblées de la part de dirigeants de communautés Emmaüs. Ces communautés-là qui ont une grande indépendance et autonomie fonctionnent grâce à un système d’exploitation de la pauvreté et de la précarité des personnes sans papier. Nous sommes évidemment contre ces agissements et soutenons toutes les personnes en lutte.
Néanmoins, grâce à des voyages et des rencontres, nous découvrons aussi la richesse et la diversité du mouvement. Des communeautés situées en territoire rural nous inspirent, basées non pas sur le traditionnel bric-à-brac, mais sur des activités agricoles et alimentaires. L’idée est neuve et se diffuse au sein du réseau puisqu’une quarantaine de communautés ont aujourd’hui des activités agricoles visant l’autonomie et la qualité alimentaire.

Un processus en cours

Fin décembre nous avons reçu la visite de deux salarié·es d’Emmaüs France, le responsable national des branches communautaires, qui accompagne notre démarche, et la responsable de mission « agriculture et alimentation durable », pour nous conseiller sur nos projets agricoles.
Ils ont découvert un territoire riche et habité, pourvu d’une grande dynamique associative et d’une solidarité éprouvée. Ils ont pu voir aussi que le projet, bien qu’exigeant et complexe, regroupe beaucoup de personnes très investies et déjà liées par une histoire commune d’accueil et de résistance.
Notre future communauté sera un lieu de rencontres et de solidarité qui apportera sa contribution à la vie du territoire, les compas partageront leurs différents savoir-faire, ainsi que les bénévoles, en participant à des activités locales, sportives, culturelles, et à l’organisation de festivités.
Le parcours pour intégrer Emmaüs suit son cours et nous espérons entrer prochainement en phase de probation, nous y mettons beaucoup d’énergie et d’enthousiasme !


Notre participation à la campagne «indign’action»

En ce début d’année Emmaüs lançait « indignaction », une campagne de mobilisation en guise d’anniversaire, 70 ans après l’hiver 1954 où l’abbé Pierre appelait à « l’insurrection de la bonté ». 70 ans de combats !
Dimanche 4 février, nous avons donc organisé une journée de rencontres à Tarnac, pour présenter notre projet. Dès 14 heures, environ 150 personnes, soutiens, curieux, élu·es, médias locaux, ont répondu à l’invitation et ont pu visiter la toute nouvelle maison. L’après-midi s’est poursuivie avec la projection du film HIVER 54 à la salle des fêtes et un goûter offert par les bénévoles du MAS.

MAS Peyrelevade recrute

L’association Montagne Accueil Solidarité de Peyrelevade recrute à partir du premier trimestre 2024 un·e comptable en CDI à quart-temps.

L’association créée en 2016 a pour objet de lutter contre les injustices et les diverses formes d’exclusion. Elle déploie une solidarité active avec toutes les personnes dans la grande précarité, et en particulier les étrangers quelle que soit leur situation. Elle a pour objet de leur assurer des conditions de vie dignes et décentes, et de préserver leur dignité et leur intégrité physique et morale par toutes aides. En particulier, elle vise à développer l’accueil de compagnes et de compagnons (Compas).

Les compagnes et compagnons sont des personnes qui vivent en communauté et qui participent aux activités d’économie solidaire de l’association ainsi que prévu à l’article L.265-1 du Code de l’action sociale et des familles (personnes accueillies dans des organismes d’accueil communautaire et d’activités solidaires).

L’association MAS de Peyrelevade comprend deux branches d’activités :

  • la branche « Accueil » qui s’occupe du suivi scolaire, médical, social et administratif ainsi que de l’hébergement chez des particuliers de personnes en précarité.
  • la branche « Communautaire » qui prépare le projet de création d’un Emmaüs de la Montagne limousine.

Présentation du poste :

Durée du contrat : Contrat à durée indéterminée
Salaire : 442 euros brut mensuel pour un quart-temps (11, 65 euros brut par heure).
Lieu de travail : le bureau de l’association est à Tarnac. Possibilité de travailler en partie à domicile.
Compétences : Expérience exigée dans la comptabilité d’associations. Si possible, compétence dans le domaine des recherches de financements publics et privés (dossiers de demandes de subventions).
Expérience dans la gestion sociale (paie, déclarations sociales).
Maîtrise des outils informatiques : logiciel de comptabilité associative (si possible EBP), tableurs.
Rédaction de rapports, de tableaux de bords, de dossiers.
Missions :

  • Saisie comptable, saisie analytique par branches ;
  • Arrêtés des comptes annuels qui seront certifiés par un.e commissaire aux comptes ;
  • Élaboration en collaboration avec le conseil collégial des budgets prévisionnels de fonctionnement et d’investissement pour chaque branche.
  • Production d’outils de gestion permettant aux membres de l’association et au conseil collégial de comprendre la situation comptable et de prendre les décisions en fonction de ces informations
  • Déclaration des dons aux impôts, édition des reçus fiscaux annuels.
  • Gestion de la paye des salarié.es, des déclarations sociales ainsi que des déclarations à l’Urssaf des allocations de vies des Compas. Cela peut se faire par le biais d’une plate-forme de paye.
  • Participation aux AG trisannuelles de la branche « communautaire » et à l’AG annuelle du l’association.
  • Rédaction de dossiers de demande de subventions privées et publics. Rédaction des bilans après obtention des fonds.

Date limite pour postuler : 20 janvier 2024

Merci d’envoyer votre CV et votre lettre de motivation par e-mail à lemaspeyrelevade@riseup.net

Appel à dons pour la création d’un Emmaüs

Pour accueillir dignement et offrir une meilleure protection des personnes exilées, le groupe Exilé·es travaille à la création d’un Emmaüs agricole et d’une conserverie.

Ce projet nécessite l’achat d’un bâtiment qui accueillera une partie de la communauté et les activités de la conserverie.

La campagne est portée par l’association Montagne accueil solidarité de Peyrelevade.

Vos dons ouvrent droit à une réduction d’impôt sur le revenu égale à 66% du montant versé dans la limite de 20% du revenu imposable. Vous pouvez également faire un apport avec droit de reprise.

Discussions internationalistes en amont du festival « aux Volets Rouges » en solidarité avec les personnes exilées sur la Montagne limousine et au-delà



Cette année l’équipe du festival invite (entre autres) le réseau internationaliste naissant « les Peuples veulent ! ». Voici un pré-programme des discussions et présentations qui seront proposées les 10, 11 et 12 août prochains à la ferme du Goutailloux à Tarnac.

Alors que beaucoup des soulèvements populaires qui ont secoué les pouvoirs établis dans la dernière décennie font face à des contre-insurrections brutales, qu’aux aspirations populaires on répond par des élans guerriers à l’extérieur comme à l’intérieur, il nous semble toujours plus urgent de partager nos lunettes de lecture sur les conflits en cours, sur les expériences, défaites et victoires de notre parti à travers le monde. « Notre parti » est à entendre ici à la façon dont Karl Marx pouvait le désigner au milieu du 19 ème siècle, pas un parti constitué, mais un ensemble de gestes qui se font écho d’un bout à l’autre de la planète, des foules qui se répondent, des êtres qui se reconnaissent, s’organisent, malgré la distance, les langues, la complexité et les différences des situations dans lesquelles ils et elles sont prises.
Ce sont ces échos qui parcourent à nouveau le monde aujourd’hui qui nourrissent les gestes que nous faisons en nous accueillant mutuellement dans les fuites et les retraits tactiques auxquels nous sommes contraint.e.s. Contraint.e.s par la guerre asymétrique qui oppose les puissances impérialistes – celles qui se disputent les frontières, ces balafres sur la face du monde, qui s’arrachent les ressources souterraines, tels des vautours sur ses entrailles – et toutes celles et ceux qui s’opposent à la raison d’État quel que soit l’accent qu’elle adopte, le costume qu’elle porte.

C’est cet « internationalisme par le bas » qui nous pousse à attraper par le bras nos frères et nos sœurs qui arrivent de contrées plus violentes, plus accaparées peut-être encore que celles où nous nous trouvons. C’est parce que nous savons que le relatif confort qu’une longue histoire de pillage nous octroie encore pour un temps, ne durera pas toujours, que nous reconnaissons ceux et celles poussés sur les routes de l’exil comme des nôtres. Et c’est au nom de cette commune condition qui vient, celle d’exilées de force (économique, politique, environnemental, existentiel…), que nous nous attachons à comprendre mieux la situation qui nous est faite et à tirer expérience ensemble de nos tentatives, de nos résistances, de nos téméraires assauts contre tous les mangeurs d’avenir, d’où qu’ils viennent.

Les 10, 11, 12 août en amont du festival de la Maison aux Volets Rouges, nous proposons une série de discussions et de présentations sur différentes situations actuelles avec des personnes qui ont pris parti dans ces situations et vont nous en faire un récit situé pour nous en faire partager les enjeux.

Nous parlerons de la situation au Chili après l’échec du soulèvement et du projet de nouvelle constitution, de la vigueur toujours renouvelée du soulèvement populaire en Iran, de la lutte des comités de résistance soudanais au beau milieu d’une guerre civile entre généraux, de la lutte contre les différentes formes d’impérialisme qui se disputent encore les ressources en Afrique de l’Ouest, de la persistance d’une culture et de pratiques populaires de lutte jusque sous les bombes russes en Ukraine… mais aussi des pièges dans lesquels nous ne voulons plus tomber, de la géopolitique inter-étatique qu’il nous faut déserter, des solidarités concrètes que nous pouvons construire depuis là où nous trouvons.

Jeudi 10 août à 18h : Pourquoi l’internationalisme ? (par des représentants de la cantine Syrienne et de Les Peuples veulent)

Vendredi 11 août 
10h à 12h :

– Pour de nouveaux horizons internationalistes : re-définir l’anti-impérialisme dans une époque aux coordonnées nouvelles, après la « chute du mur », après « la guerre au terrorisme», à la lumière des décolonisations confisquées et de la « guerre de l’eau (et des ressources)» qui est déjà là (où l’on apprend qu’il n’y a pas d’alliés « naturels » ni « d’ennemi principal » parmi les états dans la lutte pour l’autonomie, la justice sociale et pour la préservation des ressources).
-Persistance du « campisme » dans une partie de la gauche arabe et occidentale : comment en finir? Où l’on reviendra sur la persistance malheureuse de cette représentation qui court de l’extrème gauche à l’extrème droite, selon laquelle le monde serait encore divisé entre deux camps celui , « impérialisté » des « américains et leurs alliés » et celui emmené par la Russie de Poutine, la Chine de Xi-Jinping et l’Iran des Mollah qui incarnerait un pseudo « axe de la résistance ».

14h à 15h30
 : Situation au Chili après l’échec de la nouvelle constitution par une membre de la coordination féministe 8M.
15h30 17h00 : Situation en Iran, insurrection populaire et contre-insurrection sous le régime de la République Islamique. Avec des exilé.es iranien.nes du collectif 98
17h-18h30 : Situation au Soudan : persistance des comités de résistance au milieu de la guerre civile enclenchée par les généraux putschistes. Avec des membres du blog « Sudfa » qui relate l’insurrection soudanaise en français.
19h : Assemblée : Quelles perspectives ? Que faire à partir de là où nous sommes pour construire des solidarités concrètes ? (animée par des membres du réseau « les Peuples veulent »)

Samedi 12 août :

10h-11h30 : Situation en Ukraine : persistance du mouvement populaire né à Maïdan jusque sur le front et sous les bombes russes.Comment se relier à la situation ukrainienne dans une perspective non-étatique ? Avec Perrine Poupin, chercheuse, et des membres du collectif qui a publié un récit de voyage de solidarité en Ukraine: Bezdorijia: Chroniques d’un voyage en Ukraine.
11h30 – 13h : Situation en Afrique de l’Ouest : visages changeant de l’impérialisme en Afrique, les drapeaux changent, les pillages restent. Avec des militants de mouvements sociaux d’Afrique de l’Ouest.

Alors que beaucoup des soulèvements populaires qui ont secoué les pouvoirs établis dans la dernière décennie font face à des contre-insurrections brutales, qu’aux aspirations populaires on répond par des élans guerriers à l’extérieur comme à l’intérieur, il nous semble toujours plus urgent de partager nos lunettes de lecture sur les conflits en cours, sur les expériences, défaites et victoires de notre parti à travers le monde. « Notre parti » est à entendre ici à la façon dont Karl Marx pouvait le désigner au milieu du 19ème siècle, pas un parti constitué, mais un ensemble de gestes qui se font écho d’un bout à l’autre de la planète, des foules qui se répondent, des êtres qui se reconnaissent, s’organisent, malgré la distance, les langues, la complexité et les différences des situations dans lesquelles ils et elles sont prises.
Ce sont ces échos qui parcourent à nouveau le monde aujourd’hui qui nourrissent les gestes que nous faisons en nous accueillant mutuellement dans les fuites et les retraits tactiques auxquels nous sommes contraint.e.s. Contraint.e.s par la guerre asymétrique qui oppose les puissances impérialistes – celles qui se disputent les frontières, ces balafres sur la face du monde, qui s’arrachent les ressources souterraines, tels des vautours sur ses entrailles – et toutes celles et ceux qui s’opposent à la raison d’État quel que soit l’accent qu’elle adopte, le costume qu’elle porte.

C’est cet « internationalisme par le bas » qui nous pousse à attraper par le bras nos frères et nos sœurs qui arrivent de contrées plus violentes, plus accaparées peut-être encore que celles où nous nous trouvons. C’est parce que nous savons que le relatif confort qu’une longue histoire de pillage nous octroie encore pour un temps, ne durera pas toujours, que nous reconnaissons ceux et celles poussés sur les routes de l’exil comme des nôtres. Et c’est au nom de cette commune condition qui vient, celle d’exilées de force (économique, politique, environnemental, existentiel…), que nous nous attachons à comprendre mieux la situation qui nous est faite et à tirer expérience ensemble de nos tentatives, de nos résistances, de nos téméraires assauts contre tous les mangeurs d’avenir, d’où qu’ils viennent.

Un réseau de solidarité aux Exilé.es

Le groupe Exilé.es participe à la création d’un réseau de solidarité national. Le nom, les missions et le but de ce réseau sont en cours d’élaboration, il se construit au fur et à mesure des rencontres qui ont lieu chaque trimestre dans un lieu différent.

Ce réseau regroupe différentes structures d’accueil d’exilé.es : les coopératives Longomaï du Mas de Granier (Bouches-du-Rhône) et de Grange Neuve (Alpes-de-Haute-Provence), les fermes Emmaüs du Maquis (Lot) et de la Roya (Alpes-maritimes), la cantine solidaire Saveurs d’exils (Toulouse), l’association A4 (Saint-Denis), le fast-food autogéré L’après M (Marseille), le SPADA1 autogéré de Marseille, le centre social Rosmerta (Avignon), la Trame de Saint-Denis, la Trame de Die, Terres fermes (Drôme) … et le groupe Exilées du Syndicat.

La dernière rencontre a eu lieu mi-juin à la ferme du Goutailloux à Tarnac.

1Structure de premier accueil pour les demandeurs d’asile

Structurer le réseau sur des bases communes

Les choses importantes qui nous regroupent sont de pouvoir proposer un accueil digne et une protection, des lieux de refuges, de formation, des possibilités de régularisation, et l’accès à des activités (agriculture, artisanat, cuisine, conserverie, etc).

Plusieurs groupes se sont formés lors de la dernière rencontre. Un groupe sur l’alimentation et l’agriculture pour mettre en commun les expériences des structures qui offrent ce type d’activités, un groupe juridique, un groupe actions, un groupe cartographie qui travaille à une carte où seront répertoriées les spécificités et capacités d’accueil de chaque lieu.

Établir une solidarité en actes

Ces rencontres régulières permettent également de nous mettre à jour sur les nouvelles circulaires et loi immigration, de comprendre leurs conséquences sur les personnes qui sont en situation irrégulières, de se transmettre les informations sur l’agrément OACAS ou le réseau Emmaüs.

Un des objectifs de ce réseau est aussi de penser des actions comme une mobilisation nationale pour la régularisation de toutes les personnes sans-papiers, des appuis juridiques entre les structures ou contre des expulsions lieux d’accueil non déclarées comme les squats.

S’organiser pour l’accueil des exilé.es

Hébergement, activités, accompagnement, régularisation… Quels sont les meilleurs outils pour répondre à ces objectifs ? Voyage d’études et pistes concrètes.

Depuis 2016, la montagne limousine mobilisée

En 2016, le gouvernement français décide de détruire les camps de fortune de Calais dans lesquels des milliers d’exilé.e.s sont bloqués, survivant dans la plus grande précarité avec le fragile espoir d’une traversée vers le Royaume-Uni. Pour disperser les personnes expulsées de Calais, l’État ouvre des centres d’hébergement à travers tout le pays, et jusque sur la montagne limousine, notamment à Eymoutiers, Peyrelevade et Peyrat-le-château.

Dans le même temps des habitant.e.s s’organisent localement pour venir en aide à celles et ceux qui restent en situation irrégulière, isolés et démunis. À Eymoutiers, Faux-la-Montagne, Felletin, Peyrat-le-château, Peyrelevade, Royère-de-Vassivière et Tarnac, plusieurs associations se constituent. Au sein du groupe Exilé.es du Syndicat, elles partagent leurs expériences et réfléchissent à un projet commun : monter une structure à l’échelle du territoire pour améliorer et consolider l’accueil. Une piste se dessine : créer un OACAS.

OACAS, une entité juridique comme un outil possible

Organisme d’Accueil Communautaire et d’Activités Solidaires. Les structures qui bénéficient de cet agrément peuvent accueillir toute personne, quelque soit sa situation administrative. Elles s’engagent à : proposer une forme de vie communautaire (temps partagés, repas en commun, etc), offrir des activités liées à l’économie sociale et solidaire (ressourcerie, agriculture, artisanat, etc.), accompagner les personnes accueillies (aide aux démarches administratives, apprentissage du français, soutien psychologique, etc.). Même s’il n’existe pas d’obligation légale, certains OACAS (notamment les communautés Emmaüs) versent une allocation communautaire d’environ 360 euros par mois et cotisent à l’Urssaf.

L’agrément OACAS (élaboré en 2008) a été taillé sur mesure pour les communautés Emmaüs (rejoindre le réseau Emmaüs y donne automatiquement accès) mais il n’est pas spécifiquement réservé à celles-ci. Une structure autonome peut devenir OACAS en faisant une demande directement auprès de la préfecture.

Après 3 années de séjour dans un OACAS, les résident.e.s peuvent déposer une demande de régularisation. L’obtention d’un titre de séjour n’est pas automatique et dépend toujours du bon vouloir des préfets, mais le séjour en OACAS est un atout majeur dans le processus.

Ce à quoi réfléchit le groupe Exilé.e.s est la création d’un OACAS diffus sur l’ensemble de la montagne limousine : une entité qui réunirait les lieux d’hébergement déjà existants et les associations proposant des activités comme la cuisine, l’agriculture, la boulangerie, la ressourcerie, la menuiserie, etc. Un tel projet est possible avec le soutien du Syndicat dans son ensemble et la mobilisation des groupes potentiellement concernés : entraide juridique, mobilité, agriculture, soutien psy, etc.

Rejoindre Emmaüs ?

Hiver 1954, des sans-logis meurent de froid dans les rues de France. L’abbé Pierre lance un appel à la solidarité pour venir en aide aux plus démunis. Depuis lors, des communautés ont vu le jour dans toute la France et au-delà, dans de nombreux pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud. En 1969, le manifeste universel du mouvement Emmaüs proclame en substance: « Notre but est d’agir pour que chaque homme, chaque société, chaque nation puisse vivre, s’affirmer et s’accomplir dans l’échange et le partage, ainsi que dans une égale dignité. Notre méthode consiste à créer, soutenir, animer des milieux dans lesquels tous, se sentant libres et respectés, puissent répondre à leurs propres besoins et s’entraider. »

Rejoindre le mouvement Emmaüs, c’est bien sûr partager ces valeurs et ces objectifs. C’est aussi bénéficier d’un appui matériel pour développer les possibilités d’accueil, de formation et pouvoir compter sur un large soutien populaire.

Au sein du groupe Exilé.e.s, les débats sont encore en cours : un OACAS ? Si oui, un OACAS au sein de la fédération Emmaüs ? Après plusieurs mois de réflexions, la décision devrait être prise cet automne.

Mai 2022, un voyage d’études dans le sud-est de la France

En mai dernier une quinzaine de membres du groupe Exilé.es est allée à la rencontre de différentes structures d’accueil en France. Une joyeuse expédition jusque dans la vallée de la Roya (où une ferme des Alpes maritimes a rejoint le réseau Emmaüs), avec notamment des étapes aux Restos du cœur Vogue la galère (Aubagne), au Mas de Granier (une coopérative Longo maï des Bouches-du-Rhône), à l’Après M (à Marseille, un ancien Mc Do récupéré par les salariés)…

Une délégation du groupe Exilé.es en visite dans la nouvelle communauté Emmaüs de la vallée de la Roya (06)

Au delà des contextes propres à chaque situation locale, on retrouve les mêmes objectifs : offrir un accueil digne, accompagner les personnes face aux difficultés administratives et souffrances psychiques, proposer des activités et formations émancipatrices, favoriser les chances de régularisation des exilé.e.s. Et pour toutes et tous, d’où que nous soyons, de quelque côté de la frontière que le hasard nous ait jeté, éprouver l’universalité de notre fragile condition humaine comme la force de notre solidarité.

Le Syndicat à la Fête de la Montagne Limousine 2022

Le Syndicat sera présent à la Fête de la Montagne Limousine à Felletin, les 23, 24 et 25 septembre prochains avec et aux côtés de tous les habitants et habitantes qui font vivre cette fête depuis sa première édition en 2015.

Un barnum du syndicat présentera l’activité des différents groupes de travail et de nombreux stands de groupes et organisations ami.e.s et hébergera des discussions et des débats. On pourra aussi y trouver des exemplaires du numéro 0 du tout nouveau journal du Syndicat.

Les tables rondes et assemblées portées par le Syndicat:

Samedi 24 septembre

16h Barnum du syndicat, place Monthioux: Présentation du projet de nouvelle structure d’accueil pour les exilé.e.s sur la Montagne Limousine (OACAS) par le groupe Exilé.e.s et 9 structures de solidarité du territoire.

16h place Courtiaud: Assemblée publique sur la ressource en eau: L’eau nous manque déjà: quel partage de la ressource en eau? A partir d’un état des lieux des effets du réchauffement climatique sur le bassin versant de la Vienne (et de ses affluents) et des mesures mises en place par différents acteurs institutionnels ou associatifs, nous débatterons de la place des habitants et habitantes dans la défense des rivières et d’un juste partage de la ressource en eau. (groupe eau et invités).

18h30 Barnum du syndicat, place Monthioux: Pas une bassine de plus! A l’invitation du groupe eau du Syndicat, le collectif « Bassines non merci! » des Deux-Sèvres et du Marais Poitevin, ainsi que des participant.e.s au mouvement de lutte des « Soulèvements de la terre », viendront nous raconter la lutte exemplaire contre l’accaparement de l’eau par l’agro-industrie. Il sera notamment question de la prochaine phase de lutte contre la généralisation de ce système de retenues d’eau pour l’irrigation des cultures intensives.

Dimanche 25 septembre

10h Forum, place Courtiaud: Faire face à la crise foncière: un paysan sur deux part à la retraite dans moins de 10 ans, comment s’organiser contre l’accaparement des terres, quel modèle agricole pour la Montagne? Cette question est en passe de devenir une priorité absolue des années qui viennent avec un grand nombre d’agriculteurs et agricultrices qui vont partir à la retraite sans tarder avec peu de repreneurs, repreneuses en vue. Nous voudrions oeuvrer à une stratégie commune et à la construction d’outils efficaces pour faciliter des installations nombreuses, dans un souci à la fois de maintenir le tissu social rural, d’appuyer une rupture sociale et écologique et de prévenir les stratégies d’accaparement par les investisseurs de la sylviculture industrielle, du photovoltaïque ou de l’agro-industrie.

17h Forum, Place Courtiaud, Plénière de fin de la Fête de la Montagne Limousine: « Fin de l’abondance, fin de l’insouciance? Prendre en main nos conditions d’existence ». La traditionnelle plénière de fin de la fête permettra sur les débats marquants de la fête et de lancer des pistes communes pour l’année à venir.

Le programme complet des festivités de cette année.


Soutien à l’occupation du 29 rue de la République à Eymoutiers

Beaucoup de maisons vides dans le monde

Illégal ?

Depuis le début avril, nous occupons un immeuble situé au 29 rue de la république, à Eymoutiers.

Il s’agit d’un immeuble appartenant à l’ODHAC 87, un organisme public « à vocation sociale », laissé vacant depuis plus de six ans. Nous avons trouvé cet immeuble ouvert. Nous avons découvert, derrière ses portes, onze appartements en parfait état. Depuis, on nous oppose des questions liées au droit.Seulement deux jours après une première tentative de négociation, nous avons été assignés en justice par l’ODHAC.

Cette question du droit nous interroge. On peut invoquer toutes les lois que l’on veut, pour nous, la situation est simple. Des personnes, des familles, sont à la rue. En parallèle,ces appartements sont vides. Toute loi qui prétendrait que cela est normal est une loi injuste. Toute loi qui ferait passer les droits d’un organisme public « à vocation sociale » avant les droits de personnes ayant besoin d’un toit est une loi injuste. Tout organisme « à vocation sociale » qui laisserait onze logements vacants durant six ans alors que des personnes ont besoin d’un toit, échoue dans sa vocation sociale.

Cette question de la loi et de l’illégalité voudrait s’étendre jusqu’aux corps des personnes que nous avons mis à l’abri. Nous ne comprenons pas cette logique. Nous ne souhaitons pas la comprendre. Nous constatons seulement les conséquences de telles décisions pour les familles, pour les enfants, à qui la loi déclare « vous êtes illégaux ». Nous constatons seulement la violence et l’absurdité d’une institution qui dit « il a été décidé que vous n’existez plus ». Nous constatons seulement que la loi n’efface pas les corps, ni le besoin d’avoir un toit.

Ces appartements appartiennent à un opérateur public. Nous sommes le public. Nous habitons ici. Nous n’opérons pas depuis le confort de nos bureaux, ailleurs. Nous avons des valeurs, transmises par nos anciens. Elles sont simples. Nous refusons de laisser des personnes, quelles qu’elles soient, chez nous, sans toit. Nous ne discriminons pas dans notre démarche. Nous ne faisons du mal à personne. Nous n’occupons pas ce bâtiment pour les droits des uns contre ceux des autres. Nous disons « il y a des personnes dans le besoin, et de quoi subvenir à ce besoin. »

« Garantir le droit au logement constitue un devoir de solidarité pour l’ensemble de la nation », conclut la loi Besson de 1990. « Par sa vocation sociale, l’ODHAC accompagne les ménages modestes, y compris les plus défavorisés », peut-on lire sur le site de l’ODHAC.

La question de l’hypocrisie nous interroge autant que celle du droit.

Les soutiens pour un hébergement solidaire, dont l’association Montagne accueil solidarité, le collectif Chabatz d’entrar, le Syndicat de la montagne limousine – 2 mai 2022