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Contre la dissolution d’Urgence Palestine et de la Jeune Garde antifasciste, pour une réponse coordonnée aux attaques gouvernementales contre nos mouvements

Photo du pont de Senoueix avec un drapeau palestinien accroché en haut d'un arbre
[12 mai 2025]

La veille du 1er Mai, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, a annoncé lancer une procédure de dissolution à l’encontre du principal mouvement de soutien au peuple palestinien en France : Urgence Palestine

En annonçant la dissolution de ce collectif et celle de la Jeune Garde antifasciste, Retailleau musèle les voix qui s’opposent au génocide à Gaza et confirme que l’extrême droite n’a pas besoin d’attendre les prochaines élections pour exercer le pouvoir. 

Le Syndicat de la Montagne limousine se joint à l’ensemble des forces qui ont exprimé dès les premières heures suivant cette annonce leur solidarité avec cette coalition emmenée par des exilé·es palestinien·nes en France et fer de lance de la mobilisation populaire en solidarité avec le peuple palestinien.

Prendre cette position en tant qu’organisation locale d’habitant·es répond pour nous à plusieurs facteurs croisés de la situation présente : à la fois une marque de solidarité particulière avec Urgence Palestine, face à cette nouvelle tentative du gouvernement de faire taire toutes les voix contestataires, une solidarité avec le peuple palestinien et avec les personnes et les organisations qui brisent le silence sur le génocide en cours, et une prise de parti aux côtés de toutes les associations, collectifs, syndicats qui subissent depuis des mois et des années un véritable harcèlement administratif et judiciaire de la part des gouvernements successifs. En effet, en Limousin comme en tant d’autres points du territoire, il ne se passe plus une semaine sans que nous ayons vent de nouvelles attaques préfectorales contre les personnes exilées (multiplication des obligations de quitter le territoire, arrestations coordonnées d’exilé·es à travers tout le Limousin le 27 mars dernier…), contre les collectifs et les personnes qui participent à leur soutien et à leur accueil, contre les associations et personnes actives dans les luttes contre la surexploitation forestière, contre l’accaparement de l’eau, ou qui tentent de s’organiser de manière autonome pour répondre à leurs besoins. Pour ne parler que d’exemples récents, on ne compte plus les associations qui se sont vu refuser des subventions publiques ou des agréments au titre du Contrat d’engagement républicain, et pour être suspectées de participer de près ou de loin aux luttes sociales, féministes, anti-racistes ou écologiques, mais aussi les personnes harcelées de différentes manières par les services administratifs ou la gendarmerie pour des motifs toujours plus absurdes (retraits de permis de chasser ou de conduire pour des raisons politiques, poursuites et placements en garde à vue abusifs…).

Les derniers mois ont aussi vu des centaines de personnes poursuivies partout en France pour avoir simplement témoigné publiquement de leur solidarité avec le peuple gazaoui sous le feu incessant de l’armée israélienne.

L’annonce de la dissolution d’Urgence Palestine quelques heures à peine après un assassinat islamophobe, et à l’heure où le gouvernement israélien annonce une invasion totale de la Bande de Gaza, relève d’une surenchère criminelle du gouvernement français. Par là même, il assume pleinement sa complicité avec l’écrasement et le déplacement de la totalité de la population de Gaza et sa propre fuite en avant raciste et xénophobe. 

S’il est bien d’autres situations dramatiques en cours de par le monde, au Soudan, au Congo, au Myanmar, en Ukraine, qui méritent tout autant notre solidarité, la situation de guerre coloniale totale à Gaza en tant qu’elle implique directement la plupart des gouvernements occidentaux (qui la soutiennent tous au moins verbalement ou par leur silence) et en tant qu’elle a suscité un mouvement de solidarité mondial massif, a une dimension symbolique particulière. Contrairement à des pays proches comme la Belgique, l’Espagne ou l’Irlande, la France refuse toujours de prendre la moindre sanction contre Israël, comme a minima la dénonciation de l’accord commercial UE-Israël. Complice du criminel de guerre Netanyahou, le gouvernement français l’a laissé survoler le territoire au mois d’avril, en violation des règles internationales. Il s’apprête à laisser venir des industriels militaires israéliens au salon de l’armement du Bourget, et ne prend aucune mesure pour empêcher la livraison d’armes françaises à Israël.

La destruction et l’invasion totale de Gaza couplée à l’attaque systématique partout dans le monde des soutiens les plus actifs du peuple palestinien sont une attaque contre nous toutes et tous. N’attendons pas d’être les prochain·es sur la liste de monsieur Retailleau ou de ses successeurs.


La formation proposée par Fréquence commune vise à soutenir les collectifs qui souhaitent transformer la démocratie dans leur commune en se présentant aux élections municipales de 2026. Elle s’appuie sur la boussole démocratique élaborée par le réseau Actions Communes afin de guider les listes citoyennes et participatives dans leur parcours.

Cette formation a pour objectifs de partager des enseignements et repères sur :

  • Nos visions de la démocratie locale : Les listes citoyennes et participatives mettent au centre de leur projet la mise en place d’une véritable démocratie. Comment définir cet idéal démocratique ? Quels sont les rôles et responsabilités des élus et non élus ? C’est à chaque collectif d’élaborer sa propre définition et de trouver les moyens pour la faire vivre.
  • La mobilisation d’un collectif au-delà des seuls co-listiers : L’un des principes fondateurs des listes citoyennes et participatives est d’ouvrir au maximum la dynamique à de nouvelles personnes. Pourquoi et comment conduire cette ouverture ?
  • L’élaboration d’un programme : Jusqu’où une liste participative doit-elle définir un programme, au sens d’un ensemble de projets d’aménagements, de politiques publiques qu’elle s’engage à mener durant le mandat ? Comment élaborer ce programme ?
  • L’animation du collectif et sa gouvernance : En tant que candidat·es puis élu·es, vous vous êtes engagé·es à renforcer la vie démocratique sur votre commune. Les premiers mois de votre mandat municipal vont probablement confirmer que cette expérience démocratique très concrète commence au sein même de l’équipe d’élu·es majoritaires. Comment mettre en adéquation votre organisation et vos pratiques internes avec vos valeurs ?
  • Le calendrier électoral : Par quoi on commence ? C’est quoi les étapes ? Comment fait-on concrètement pour monter une liste ?

Nous alternerons des temps en grand groupe avec des temps par commune. Il est important que les participant·es viennent à 4-5 d’un même collectif, d’une même commune pour travailler concrètement sur leur situation singulière.

Un week-end de formation initiale est proposé :

  • 17 et 18 mai 2025 (samedi de 9h à 17h, dimanche de 9h à 16h) à Gentioux

Contact : franck.d@mailz.org


UNE EXPULSION EMPÊCHÉe

Dans la nuit du 26 au 27 décembre dernier, plusieurs dizaines de personnes se sont retrouvées devant la Maison aux Volets Rouges à Tarnac pour signifier aux gendarmes qui venaient chercher un jeune homme accueilli là, qu’elles s’y opposaient et qu’elles ne les laisseraient emmener qui que ce soit. Ce fut chose faite et dite.

« Mettre en place un droit d’asile local : il n’y aura pas d’expulsion sur la Montagne limousine », c’est l’une des bases politiques communes énoncées par le Syndicat de la Montagne limousine et nous la réaffirmons aujourd’hui. Nous continuerons de nous organiser pour accueillir les personnes exilées et nous opposer aux assignations et expulsions, et adressons cette lettre ouverte au préfet de la Corrèze, cosignée par plusieurs associations.

Lettre ouverte à M. Étienne Desplanques, préfet de la Corrèze

Monsieur,


Le 6 avril 2024 vous êtes venu à Tarnac pour inaugurer une stèle en mémoire des fusillés et
déportés de 1944. «N’oublions jamais», peut-on lire sur cette stèle devant laquelle vous vous êtes solennellement recueilli.


À une centaine de mètres de là, quelques mois plus tard, le 27 décembre à 4h du matin, vous avez dépêché plusieurs gendarmes afin d’embarquer Monsieur A. Sediq, résident du bourg, avec pour mission de l’emmener jusqu’au consulat d’Égypte à Marseille où lui aurait été délivré un laissez-passer en vue de son expulsion. Nous nous sommes opposés à cette opération et l’avons empêchée. Forcer, par la contrainte physique et sous la menace des armes, une personne à quitter son lieu de vie alors que sa présence ne nuit en aucune manière à qui que ce soit, est une atteinte fondamentale à la dignité humaine. Y résister et s’y opposer est pour nous un devoir moral.


Nous l’avons déjà exprimé, notamment en 2018 lors de la tentative d’expulsion vers le Soudan d’un camarade creusois et le réaffirmons aujourd’hui : il n’y aura pas d’expulsion sur la Montagne limousine.


Quand nous disons «il n’y aura pas d’expulsion sur la Montagne limousine», cela signifie que nous mettons nos actes en cohérence avec nos paroles, et que par tous les moyens que nous jugeons nécessaires et justes, nous nous opposerons aux tentatives d’expulsion depuis ce territoire où nous vivons. «Terre de résistance» avez-vous dit pour qualifier la Corrèze lors de votre discours d’installation en août 2022. Sachez que pour nous, la résistance ne se cantonne pas à quelques pages des manuels d’histoire, ni ne s’enterre sous la pierre des monuments officiels.


Ceux qui élaborent les «politiques migratoires» européennes, comme ceux qui les exécutent, portent sur leur conscience les morts, par dizaines de milliers, de nos sœurs et frères humains qui n’ont commis pour seuls crimes que de naître de l’autre côté de la Méditerranée et d’avoir voulu la traverser. Dans quelques décennies, vos successeurs pourraient déposer des gerbes en leur mémoire sur les plages et proclamer la main sur le cœur «N’oublions jamais».


Monsieur le préfet, votre fonction ne vous oblige en rien à distribuer à tour de bras des OQTF dans le département, à assigner à résidence des personnes innocentes, à les expulser de leur domicile, de leur village où elles ont noué des relations et des amitiés. Votre fonction ne vous oblige en rien à étouffer toute considération pour la dignité humaine. Votre fonction vous permet aujourd’hui d’annuler l’OQTF prononcée contre Monsieur A. Sediq et de lui donner la chance de vivre en France puisque c’est le pays qu’il a choisi de rejoindre, empli de projets d’avenir et d’espérances.


La situation nous oblige à prendre nos responsabilités. Nous le faisons en accueillant les personnes exilées que les parcours chaotiques ont menées jusqu’à la Montagne limousine. En leur offrant un hébergement, en leur permettant l’accès aux soins, à l’apprentissage de la langue française, à une scolarité, à une formation. Monsieur A. Sediq est compagnon de la communauté Emmaüs de la Montagne limousine, il y est pleinement intégré. Vous avez reçu le 26 décembre une lettre du directeur d’Emmaüs France sollicitant une mesure de clémence et vous demandant d’interrompre la procédure d’expulsion, il y dit notamment son attachement aux «dynamiques de fraternité», bases de l’éthique d’Emmaüs pour un accueil inconditionnel des personnes les plus démunies.

Dignité, Liberté, Égalité, Fraternité : si ces mots-là résonnent quelque part en vous, nous vous
demandons, Monsieur le préfet, de prendre vous aussi vos responsabilités, en annulant cette mesure d’expulsion.


Signataires :
Le Syndicat de la Montagne limousine
L’association Montagne Accueil Solidarité d’Eymoutiers
L’association la Cimade d’Eymoutiers
L’association la Cimade de Peyrelevade
L’association Le MAS , Montagne limousine Accueil Solidarité
L’Emmaüs Montagne limousine
Corrèze solidarité


Le numéro d’automne est paru