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Discussions internationalistes en amont du festival « aux Volets Rouges » en solidarité avec les personnes exilées sur la Montagne limousine et au-delà



Cette année l’équipe du festival invite (entre autres) le réseau internationaliste naissant « les Peuples veulent ! ». Voici un pré-programme des discussions et présentations qui seront proposées les 10, 11 et 12 août prochains à la ferme du Goutailloux à Tarnac.

Alors que beaucoup des soulèvements populaires qui ont secoué les pouvoirs établis dans la dernière décennie font face à des contre-insurrections brutales, qu’aux aspirations populaires on répond par des élans guerriers à l’extérieur comme à l’intérieur, il nous semble toujours plus urgent de partager nos lunettes de lecture sur les conflits en cours, sur les expériences, défaites et victoires de notre parti à travers le monde. « Notre parti » est à entendre ici à la façon dont Karl Marx pouvait le désigner au milieu du 19 ème siècle, pas un parti constitué, mais un ensemble de gestes qui se font écho d’un bout à l’autre de la planète, des foules qui se répondent, des êtres qui se reconnaissent, s’organisent, malgré la distance, les langues, la complexité et les différences des situations dans lesquelles ils et elles sont prises.
Ce sont ces échos qui parcourent à nouveau le monde aujourd’hui qui nourrissent les gestes que nous faisons en nous accueillant mutuellement dans les fuites et les retraits tactiques auxquels nous sommes contraint.e.s. Contraint.e.s par la guerre asymétrique qui oppose les puissances impérialistes – celles qui se disputent les frontières, ces balafres sur la face du monde, qui s’arrachent les ressources souterraines, tels des vautours sur ses entrailles – et toutes celles et ceux qui s’opposent à la raison d’État quel que soit l’accent qu’elle adopte, le costume qu’elle porte.

C’est cet « internationalisme par le bas » qui nous pousse à attraper par le bras nos frères et nos sœurs qui arrivent de contrées plus violentes, plus accaparées peut-être encore que celles où nous nous trouvons. C’est parce que nous savons que le relatif confort qu’une longue histoire de pillage nous octroie encore pour un temps, ne durera pas toujours, que nous reconnaissons ceux et celles poussés sur les routes de l’exil comme des nôtres. Et c’est au nom de cette commune condition qui vient, celle d’exilées de force (économique, politique, environnemental, existentiel…), que nous nous attachons à comprendre mieux la situation qui nous est faite et à tirer expérience ensemble de nos tentatives, de nos résistances, de nos téméraires assauts contre tous les mangeurs d’avenir, d’où qu’ils viennent.

Les 10, 11, 12 août en amont du festival de la Maison aux Volets Rouges, nous proposons une série de discussions et de présentations sur différentes situations actuelles avec des personnes qui ont pris parti dans ces situations et vont nous en faire un récit situé pour nous en faire partager les enjeux.

Nous parlerons de la situation au Chili après l’échec du soulèvement et du projet de nouvelle constitution, de la vigueur toujours renouvelée du soulèvement populaire en Iran, de la lutte des comités de résistance soudanais au beau milieu d’une guerre civile entre généraux, de la lutte contre les différentes formes d’impérialisme qui se disputent encore les ressources en Afrique de l’Ouest, de la persistance d’une culture et de pratiques populaires de lutte jusque sous les bombes russes en Ukraine… mais aussi des pièges dans lesquels nous ne voulons plus tomber, de la géopolitique inter-étatique qu’il nous faut déserter, des solidarités concrètes que nous pouvons construire depuis là où nous trouvons.

Jeudi 10 août à 18h : Pourquoi l’internationalisme ? (par des représentants de la cantine Syrienne et de Les Peuples veulent)

Vendredi 11 août 
10h à 12h :

– Pour de nouveaux horizons internationalistes : re-définir l’anti-impérialisme dans une époque aux coordonnées nouvelles, après la « chute du mur », après « la guerre au terrorisme», à la lumière des décolonisations confisquées et de la « guerre de l’eau (et des ressources)» qui est déjà là (où l’on apprend qu’il n’y a pas d’alliés « naturels » ni « d’ennemi principal » parmi les états dans la lutte pour l’autonomie, la justice sociale et pour la préservation des ressources).
-Persistance du « campisme » dans une partie de la gauche arabe et occidentale : comment en finir? Où l’on reviendra sur la persistance malheureuse de cette représentation qui court de l’extrème gauche à l’extrème droite, selon laquelle le monde serait encore divisé entre deux camps celui , « impérialisté » des « américains et leurs alliés » et celui emmené par la Russie de Poutine, la Chine de Xi-Jinping et l’Iran des Mollah qui incarnerait un pseudo « axe de la résistance ».

14h à 15h30
 : Situation au Chili après l’échec de la nouvelle constitution par une membre de la coordination féministe 8M.
15h30 17h00 : Situation en Iran, insurrection populaire et contre-insurrection sous le régime de la République Islamique. Avec des exilé.es iranien.nes du collectif 98
17h-18h30 : Situation au Soudan : persistance des comités de résistance au milieu de la guerre civile enclenchée par les généraux putschistes. Avec des membres du blog « Sudfa » qui relate l’insurrection soudanaise en français.
19h : Assemblée : Quelles perspectives ? Que faire à partir de là où nous sommes pour construire des solidarités concrètes ? (animée par des membres du réseau « les Peuples veulent »)

Samedi 12 août :

10h-11h30 : Situation en Ukraine : persistance du mouvement populaire né à Maïdan jusque sur le front et sous les bombes russes.Comment se relier à la situation ukrainienne dans une perspective non-étatique ? Avec Perrine Poupin, chercheuse, et des membres du collectif qui a publié un récit de voyage de solidarité en Ukraine: Bezdorijia: Chroniques d’un voyage en Ukraine.
11h30 – 13h : Situation en Afrique de l’Ouest : visages changeant de l’impérialisme en Afrique, les drapeaux changent, les pillages restent. Avec des militants de mouvements sociaux d’Afrique de l’Ouest.

Alors que beaucoup des soulèvements populaires qui ont secoué les pouvoirs établis dans la dernière décennie font face à des contre-insurrections brutales, qu’aux aspirations populaires on répond par des élans guerriers à l’extérieur comme à l’intérieur, il nous semble toujours plus urgent de partager nos lunettes de lecture sur les conflits en cours, sur les expériences, défaites et victoires de notre parti à travers le monde. « Notre parti » est à entendre ici à la façon dont Karl Marx pouvait le désigner au milieu du 19ème siècle, pas un parti constitué, mais un ensemble de gestes qui se font écho d’un bout à l’autre de la planète, des foules qui se répondent, des êtres qui se reconnaissent, s’organisent, malgré la distance, les langues, la complexité et les différences des situations dans lesquelles ils et elles sont prises.
Ce sont ces échos qui parcourent à nouveau le monde aujourd’hui qui nourrissent les gestes que nous faisons en nous accueillant mutuellement dans les fuites et les retraits tactiques auxquels nous sommes contraint.e.s. Contraint.e.s par la guerre asymétrique qui oppose les puissances impérialistes – celles qui se disputent les frontières, ces balafres sur la face du monde, qui s’arrachent les ressources souterraines, tels des vautours sur ses entrailles – et toutes celles et ceux qui s’opposent à la raison d’État quel que soit l’accent qu’elle adopte, le costume qu’elle porte.

C’est cet « internationalisme par le bas » qui nous pousse à attraper par le bras nos frères et nos sœurs qui arrivent de contrées plus violentes, plus accaparées peut-être encore que celles où nous nous trouvons. C’est parce que nous savons que le relatif confort qu’une longue histoire de pillage nous octroie encore pour un temps, ne durera pas toujours, que nous reconnaissons ceux et celles poussés sur les routes de l’exil comme des nôtres. Et c’est au nom de cette commune condition qui vient, celle d’exilées de force (économique, politique, environnemental, existentiel…), que nous nous attachons à comprendre mieux la situation qui nous est faite et à tirer expérience ensemble de nos tentatives, de nos résistances, de nos téméraires assauts contre tous les mangeurs d’avenir, d’où qu’ils viennent.

Un réseau de solidarité aux Exilé.es

Le groupe Exilé.es participe à la création d’un réseau de solidarité national. Le nom, les missions et le but de ce réseau sont en cours d’élaboration, il se construit au fur et à mesure des rencontres qui ont lieu chaque trimestre dans un lieu différent.

Ce réseau regroupe différentes structures d’accueil d’exilé.es : les coopératives Longomaï du Mas de Granier (Bouches-du-Rhône) et de Grange Neuve (Alpes-de-Haute-Provence), les fermes Emmaüs du Maquis (Lot) et de la Roya (Alpes-maritimes), la cantine solidaire Saveurs d’exils (Toulouse), l’association A4 (Saint-Denis), le fast-food autogéré L’après M (Marseille), le SPADA1 autogéré de Marseille, le centre social Rosmerta (Avignon), la Trame de Saint-Denis, la Trame de Die, Terres fermes (Drôme) … et le groupe Exilées du Syndicat.

La dernière rencontre a eu lieu mi-juin à la ferme du Goutailloux à Tarnac.

1Structure de premier accueil pour les demandeurs d’asile

Structurer le réseau sur des bases communes

Les choses importantes qui nous regroupent sont de pouvoir proposer un accueil digne et une protection, des lieux de refuges, de formation, des possibilités de régularisation, et l’accès à des activités (agriculture, artisanat, cuisine, conserverie, etc).

Plusieurs groupes se sont formés lors de la dernière rencontre. Un groupe sur l’alimentation et l’agriculture pour mettre en commun les expériences des structures qui offrent ce type d’activités, un groupe juridique, un groupe actions, un groupe cartographie qui travaille à une carte où seront répertoriées les spécificités et capacités d’accueil de chaque lieu.

Établir une solidarité en actes

Ces rencontres régulières permettent également de nous mettre à jour sur les nouvelles circulaires et loi immigration, de comprendre leurs conséquences sur les personnes qui sont en situation irrégulières, de se transmettre les informations sur l’agrément OACAS ou le réseau Emmaüs.

Un des objectifs de ce réseau est aussi de penser des actions comme une mobilisation nationale pour la régularisation de toutes les personnes sans-papiers, des appuis juridiques entre les structures ou contre des expulsions lieux d’accueil non déclarées comme les squats.

S’organiser pour l’accueil des exilé.es

Hébergement, activités, accompagnement, régularisation… Quels sont les meilleurs outils pour répondre à ces objectifs ? Voyage d’études et pistes concrètes.

Depuis 2016, la montagne limousine mobilisée

En 2016, le gouvernement français décide de détruire les camps de fortune de Calais dans lesquels des milliers d’exilé.e.s sont bloqués, survivant dans la plus grande précarité avec le fragile espoir d’une traversée vers le Royaume-Uni. Pour disperser les personnes expulsées de Calais, l’État ouvre des centres d’hébergement à travers tout le pays, et jusque sur la montagne limousine, notamment à Eymoutiers, Peyrelevade et Peyrat-le-château.

Dans le même temps des habitant.e.s s’organisent localement pour venir en aide à celles et ceux qui restent en situation irrégulière, isolés et démunis. À Eymoutiers, Faux-la-Montagne, Felletin, Peyrat-le-château, Peyrelevade, Royère-de-Vassivière et Tarnac, plusieurs associations se constituent. Au sein du groupe Exilé.es du Syndicat, elles partagent leurs expériences et réfléchissent à un projet commun : monter une structure à l’échelle du territoire pour améliorer et consolider l’accueil. Une piste se dessine : créer un OACAS.

OACAS, une entité juridique comme un outil possible

Organisme d’Accueil Communautaire et d’Activités Solidaires. Les structures qui bénéficient de cet agrément peuvent accueillir toute personne, quelque soit sa situation administrative. Elles s’engagent à : proposer une forme de vie communautaire (temps partagés, repas en commun, etc), offrir des activités liées à l’économie sociale et solidaire (ressourcerie, agriculture, artisanat, etc.), accompagner les personnes accueillies (aide aux démarches administratives, apprentissage du français, soutien psychologique, etc.). Même s’il n’existe pas d’obligation légale, certains OACAS (notamment les communautés Emmaüs) versent une allocation communautaire d’environ 360 euros par mois et cotisent à l’Urssaf.

L’agrément OACAS (élaboré en 2008) a été taillé sur mesure pour les communautés Emmaüs (rejoindre le réseau Emmaüs y donne automatiquement accès) mais il n’est pas spécifiquement réservé à celles-ci. Une structure autonome peut devenir OACAS en faisant une demande directement auprès de la préfecture.

Après 3 années de séjour dans un OACAS, les résident.e.s peuvent déposer une demande de régularisation. L’obtention d’un titre de séjour n’est pas automatique et dépend toujours du bon vouloir des préfets, mais le séjour en OACAS est un atout majeur dans le processus.

Ce à quoi réfléchit le groupe Exilé.e.s est la création d’un OACAS diffus sur l’ensemble de la montagne limousine : une entité qui réunirait les lieux d’hébergement déjà existants et les associations proposant des activités comme la cuisine, l’agriculture, la boulangerie, la ressourcerie, la menuiserie, etc. Un tel projet est possible avec le soutien du Syndicat dans son ensemble et la mobilisation des groupes potentiellement concernés : entraide juridique, mobilité, agriculture, soutien psy, etc.

Rejoindre Emmaüs ?

Hiver 1954, des sans-logis meurent de froid dans les rues de France. L’abbé Pierre lance un appel à la solidarité pour venir en aide aux plus démunis. Depuis lors, des communautés ont vu le jour dans toute la France et au-delà, dans de nombreux pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud. En 1969, le manifeste universel du mouvement Emmaüs proclame en substance: « Notre but est d’agir pour que chaque homme, chaque société, chaque nation puisse vivre, s’affirmer et s’accomplir dans l’échange et le partage, ainsi que dans une égale dignité. Notre méthode consiste à créer, soutenir, animer des milieux dans lesquels tous, se sentant libres et respectés, puissent répondre à leurs propres besoins et s’entraider. »

Rejoindre le mouvement Emmaüs, c’est bien sûr partager ces valeurs et ces objectifs. C’est aussi bénéficier d’un appui matériel pour développer les possibilités d’accueil, de formation et pouvoir compter sur un large soutien populaire.

Au sein du groupe Exilé.e.s, les débats sont encore en cours : un OACAS ? Si oui, un OACAS au sein de la fédération Emmaüs ? Après plusieurs mois de réflexions, la décision devrait être prise cet automne.

Mai 2022, un voyage d’études dans le sud-est de la France

En mai dernier une quinzaine de membres du groupe Exilé.es est allée à la rencontre de différentes structures d’accueil en France. Une joyeuse expédition jusque dans la vallée de la Roya (où une ferme des Alpes maritimes a rejoint le réseau Emmaüs), avec notamment des étapes aux Restos du cœur Vogue la galère (Aubagne), au Mas de Granier (une coopérative Longo maï des Bouches-du-Rhône), à l’Après M (à Marseille, un ancien Mc Do récupéré par les salariés)…

Une délégation du groupe Exilé.es en visite dans la nouvelle communauté Emmaüs de la vallée de la Roya (06)

Au delà des contextes propres à chaque situation locale, on retrouve les mêmes objectifs : offrir un accueil digne, accompagner les personnes face aux difficultés administratives et souffrances psychiques, proposer des activités et formations émancipatrices, favoriser les chances de régularisation des exilé.e.s. Et pour toutes et tous, d’où que nous soyons, de quelque côté de la frontière que le hasard nous ait jeté, éprouver l’universalité de notre fragile condition humaine comme la force de notre solidarité.

Le Syndicat à la Fête de la Montagne Limousine 2022

Le Syndicat sera présent à la Fête de la Montagne Limousine à Felletin, les 23, 24 et 25 septembre prochains avec et aux côtés de tous les habitants et habitantes qui font vivre cette fête depuis sa première édition en 2015.

Un barnum du syndicat présentera l’activité des différents groupes de travail et de nombreux stands de groupes et organisations ami.e.s et hébergera des discussions et des débats. On pourra aussi y trouver des exemplaires du numéro 0 du tout nouveau journal du Syndicat.

Les tables rondes et assemblées portées par le Syndicat:

Samedi 24 septembre

16h Barnum du syndicat, place Monthioux: Présentation du projet de nouvelle structure d’accueil pour les exilé.e.s sur la Montagne Limousine (OACAS) par le groupe Exilé.e.s et 9 structures de solidarité du territoire.

16h place Courtiaud: Assemblée publique sur la ressource en eau: L’eau nous manque déjà: quel partage de la ressource en eau? A partir d’un état des lieux des effets du réchauffement climatique sur le bassin versant de la Vienne (et de ses affluents) et des mesures mises en place par différents acteurs institutionnels ou associatifs, nous débatterons de la place des habitants et habitantes dans la défense des rivières et d’un juste partage de la ressource en eau. (groupe eau et invités).

18h30 Barnum du syndicat, place Monthioux: Pas une bassine de plus! A l’invitation du groupe eau du Syndicat, le collectif « Bassines non merci! » des Deux-Sèvres et du Marais Poitevin, ainsi que des participant.e.s au mouvement de lutte des « Soulèvements de la terre », viendront nous raconter la lutte exemplaire contre l’accaparement de l’eau par l’agro-industrie. Il sera notamment question de la prochaine phase de lutte contre la généralisation de ce système de retenues d’eau pour l’irrigation des cultures intensives.

Dimanche 25 septembre

10h Forum, place Courtiaud: Faire face à la crise foncière: un paysan sur deux part à la retraite dans moins de 10 ans, comment s’organiser contre l’accaparement des terres, quel modèle agricole pour la Montagne? Cette question est en passe de devenir une priorité absolue des années qui viennent avec un grand nombre d’agriculteurs et agricultrices qui vont partir à la retraite sans tarder avec peu de repreneurs, repreneuses en vue. Nous voudrions oeuvrer à une stratégie commune et à la construction d’outils efficaces pour faciliter des installations nombreuses, dans un souci à la fois de maintenir le tissu social rural, d’appuyer une rupture sociale et écologique et de prévenir les stratégies d’accaparement par les investisseurs de la sylviculture industrielle, du photovoltaïque ou de l’agro-industrie.

17h Forum, Place Courtiaud, Plénière de fin de la Fête de la Montagne Limousine: « Fin de l’abondance, fin de l’insouciance? Prendre en main nos conditions d’existence ». La traditionnelle plénière de fin de la fête permettra sur les débats marquants de la fête et de lancer des pistes communes pour l’année à venir.

Le programme complet des festivités de cette année.


Soutien à l’occupation du 29 rue de la République à Eymoutiers

Beaucoup de maisons vides dans le monde

Illégal ?

Depuis le début avril, nous occupons un immeuble situé au 29 rue de la république, à Eymoutiers.

Il s’agit d’un immeuble appartenant à l’ODHAC 87, un organisme public « à vocation sociale », laissé vacant depuis plus de six ans. Nous avons trouvé cet immeuble ouvert. Nous avons découvert, derrière ses portes, onze appartements en parfait état. Depuis, on nous oppose des questions liées au droit.Seulement deux jours après une première tentative de négociation, nous avons été assignés en justice par l’ODHAC.

Cette question du droit nous interroge. On peut invoquer toutes les lois que l’on veut, pour nous, la situation est simple. Des personnes, des familles, sont à la rue. En parallèle,ces appartements sont vides. Toute loi qui prétendrait que cela est normal est une loi injuste. Toute loi qui ferait passer les droits d’un organisme public « à vocation sociale » avant les droits de personnes ayant besoin d’un toit est une loi injuste. Tout organisme « à vocation sociale » qui laisserait onze logements vacants durant six ans alors que des personnes ont besoin d’un toit, échoue dans sa vocation sociale.

Cette question de la loi et de l’illégalité voudrait s’étendre jusqu’aux corps des personnes que nous avons mis à l’abri. Nous ne comprenons pas cette logique. Nous ne souhaitons pas la comprendre. Nous constatons seulement les conséquences de telles décisions pour les familles, pour les enfants, à qui la loi déclare « vous êtes illégaux ». Nous constatons seulement la violence et l’absurdité d’une institution qui dit « il a été décidé que vous n’existez plus ». Nous constatons seulement que la loi n’efface pas les corps, ni le besoin d’avoir un toit.

Ces appartements appartiennent à un opérateur public. Nous sommes le public. Nous habitons ici. Nous n’opérons pas depuis le confort de nos bureaux, ailleurs. Nous avons des valeurs, transmises par nos anciens. Elles sont simples. Nous refusons de laisser des personnes, quelles qu’elles soient, chez nous, sans toit. Nous ne discriminons pas dans notre démarche. Nous ne faisons du mal à personne. Nous n’occupons pas ce bâtiment pour les droits des uns contre ceux des autres. Nous disons « il y a des personnes dans le besoin, et de quoi subvenir à ce besoin. »

« Garantir le droit au logement constitue un devoir de solidarité pour l’ensemble de la nation », conclut la loi Besson de 1990. « Par sa vocation sociale, l’ODHAC accompagne les ménages modestes, y compris les plus défavorisés », peut-on lire sur le site de l’ODHAC.

La question de l’hypocrisie nous interroge autant que celle du droit.

Les soutiens pour un hébergement solidaire, dont l’association Montagne accueil solidarité, le collectif Chabatz d’entrar, le Syndicat de la montagne limousine – 2 mai 2022

Conditions d’accueil au CADA de Peyrelevade : Où en sommes nous depuis le rassemblement de novembre 2020 ?

Un bref rappel des faits

En juillet 2020, des résident.e.s du CADA (Centre d’accueil de demandeurs d’asile) de Peyrelevade portent à la direction du centre un ensemble de revendications pour l’amélioration de leurs conditions d’accueil et saisissent le Syndicat de la montagne limousine pour les soutenir dans leur démarche. Nous constituons un groupe « Exilé.es » afin d’appuyer leur lutte et alertons l’ARS (Agence régionale de santé), la préfecture et différents media pour dénoncer les conditions de vie désastreuses dans le centre : cuisines sous-équipées, parfois vétustes, absence totale de suivi psychologique, presque aucun service de transport, aucun accès à internet… et surtout une grave infestation de cafards dans les bâtiments. À l’appel du Syndicat en novembre 2020, un rassemblement a lieu devant les locaux pour protester de cette situation, plusieurs media locaux (France 3, La Montagne…) sont présents. C’est suite à cette mobilisation et sa médiatisation que la préfecture et l’ARS mettent en demeure Forum Réfugiés-Cosi (gestionnaire du CADA) d’éradiquer au plus vite les cafards.
Pour plus de détails : article paru sur le site du Syndicat de la montagne limousine « Retour sur la création du groupe Exilé.es en soutien aux résident.es du CADA de Peyrelevade ».

Des commissions mixtes pour tenter d’avancer…laborieusement…

À la suite du rassemblement, nous proposons d’établir une commission de travail réunissant des membres de la municipalité de Peyrelevade, Forum Réfugiés-Cosi et des membres du groupe Exilé.es du Syndicat pour trouver ensemble des réponses aux problèmes exprimés par les résident.e.s.

Une première commission avec des élus et bénévoles associatifs de Peyrelevade, la directrice du CADA et des membres du Syndicat se réunit le 2 février 2021. Parmi les nombreuses demandes des résidents, la directrice du CADA en juge certaines légitimes à être travaillées au sein de la commission mais estime que d’autres sont du ressort exclusif de Forum Réfugiés-Cosi.
Nous avons dans un premier temps accepté ce fait et commencé à travailler ensemble, pensant, sans doute naïvement, que cette première phase de coopération pourrait nous amener à aborder les autres sujets par la suite (amélioration des cuisines, mise en place du wifi…). Nous avons cependant demandé à être tenus informés des avancées sur ces sujets dont le Syndicat était exclu mais n’avons eu aucun retour de la part de Forum Réfugiés-Cosi.

Après cette première séance de février, nous avons planifié des commissions à venir autour de cinq thématiques : les transports, l’alimentation et l’approvisionnement, les activités et le lien avec le monde associatif, les souffrances psychiques et les cours de français. L’idée était de travailler dans un premier temps en commission chaque sujet et d’organiser dans un second temps une réunion en invitant des résident.e.s du CADA et d’autres participants sur chaque sujet concerné. Quatre temps de travail en commission ont eu lieu.

21 décembre 2021 : une dernière réunion. Quel bilan ?

Cette dernière réunion a été l’occasion de revenir sur les actions envisagées et de faire le point sur cette tentative de travail commun.
Concernant les souffrances psychiques, nous avions précédemment convenu qu’un courrier à destination de l’ARS soit rédigé par la directrice du CADA et cosigné par d’autres membres de la commission pour demander à ce que des interprètes soient mis à disposition des exilé.e.s non francophones comme ils en ont le droit. Mais cette décision est restée sans suite, le CADA ne voulant finalement assumer la responsabilité d’écrire à l’ARS…

Lors de cette dernière réunion, la directrice du CADA a donné son point de vue : les faibles avancées de la commission et la non participation d’autres salariés du CADA seraient liées au traumatisme que le rassemblement de novembre 2020 aurait représenté pour eux. Dans ce cas, nous aurions trouvé plus juste que la direction du CADA encourage et soutienne une rencontre entre ses salariés et la commission Exilé.es du Syndicat pour revenir sur ce moment et engager une réelle coopération. S’il faut sans doute du temps pour réhabiliter les relations, il faut aussi la volonté et les moyens. Ainsi, nous déplorons que le Syndicat soit désigné par Forum réfugiés comme responsables de la souffrance de ses salariés, probablement pour ne pas questionner les logiques à l’œuvre, et qui dépassent largement le rassemblement qui a eu lieu.
Nous rappelons que cette manifestation était un rassemblement pacifique, avec des prises de parole, de soutien et de témoignage. Ce qui était dénoncé était bien la violence de la situation, en relation avec les choix de gestion de Forum Réfugiés-Cosi, en aucun cas les salariés de l’établissement n’ont été mis en cause. De nombreux médias locaux ont couvert ce sujet en considérant la gravité de la situation.

Du côté du Syndicat, nous avons fait état de notre scepticisme et de nos doutes quant à la pertinence de continuer dans de telles conditions, ainsi que de nos questionnements sur ce qui a fait obstacle à la coopération. Nous n’avons pas pu associer les personnes résidant au CADA à ces discussions et trouvons difficile voire insensé de continuer sans elles, premières concernées.
Aujourd’hui nous avons plutôt un sentiment d’échec quant à cette expérience. Leurs conditions de vie n’ont pas franchement changé. Même si les cafards ont été éradiqués et que des travaux ont commencé dans l’une des cuisines, il n’y a toujours aucun accès à internet, pas de nouveaux transports mis en place, aucun suivi psychologique avec interprète, très peu d’activités… La cuisine, qui devait être restaurée depuis le rassemblement de novembre 2020, n’est en travaux que depuis le mois de septembre 2021, et est depuis toujours inaccessible ! Le centre étant très peuplé, les résident.e.s, dont beaucoup de familles, doivent se partager les deux cuisines restantes, qui sont sous-équipées et vétuste pour l’une d’entre elles.
Nous n’avons pas non plus obtenu d’éléments sur les finances de Forum Réfugiés-Cosi, qui nous auraient éventuellement permis de comprendre pourquoi d’importants travaux de fond et d’amélioration des conditions d’accueil ne sont pas entrepris.
Nous avons le sentiment d’avoir perdu le rapport de force que nous avions engagé lors du rassemblement de novembre 2020 et sommes désolés de n’avoir pu répondre aux demandes des personnes qui se sont confiées à nous en nous demandant de les soutenir dans leur démarche. Sans doute, notre erreur principale aura été d’accepter pour cette commission la participation de la seule directrice du CADA comme représentante de Forum Réfugiés-Cosi sans la présence de sa hiérarchie : elle n’a vraisemblablement pas le pouvoir d’agir réellement sur les situations vécues par les résident.e.s.

Et maintenant ?

Si nous déplorons l’échec de cette tentative de travail commun avec Forum Réfugiés-Cosi en tant que structure gestionnaire, nous n’abandonnons pas ce que nous avons entrepris. Nous ne désespérons pas de trouver des possibilités de coopérer sur des aspects beaucoup plus opérationnels avec la mairie de Peyrelevade, autour de la mobilité par exemple, et avec l’équipe de travailleurs du CADA, si certain.es y sont ouverts, en vue d’améliorer le quotidien des résidents.
Le Syndicat s’est notamment attelé de manière autonome à la question des transports : un groupe dédié à ce sujet travaille actuellement à la réhabilitation de lignes non fonctionnelles et à la mise en place de solutions nouvelles pour que les habitant.e.s de la Montagne limousine aient la possibilité de se déplacer librement vers les gares et les villes. Tous les centres d’accueil et d’hébergement seront desservis par ces trajets.

Nous continuons et continuerons de travailler aux buts que nous nous sommes fixés : défendre les habitant.e.s de la Montagne limousine et permettre à toutes et tous de vivre dignement d’où qu’on vienne.


PS : Nous découvrons plusieurs articles qui mettent sérieusement en cause la gestion de Forum Réfugiés :

« En toute irrégularité, Forum réfugiés surfacture des places d’hébergement » (Mediacités, 16 novembre 2021)

« Forum réfugiés met fin aux surfacturations illégales des places d’hébergement » (Mediacités, 25 janvier 2022)

« Souffrance au travail, la crise interne qui ronge Forum réfugiés » (Mediapart, 26 février 2022)

Quelques nouvelles et questionnements au sujet du groupe Exilé·es du Syndicat

Lors de la dernière rencontre mensuelle du Syndicat, nous avons discuté du sens du groupe exilés du Syndicat et de comment il pourrait rallier les forces en présence sur le territoire.
A l’origine, ce groupe s’est crée en même temps que le Syndicat dans l’idée de proposer un espace de travail commun entre les personnes et les associations qui soutiennent les exilé·es qui vivent sur le territoire, ouvert aux exilé·es en premier lieu.

Cet espace de travail étant peu habité, nous avons alors imaginé que ça pourrait avoir du sens de maintenir un espace de partage d’informations et de coordination éventuelle comme cela a été le cas ponctuellement lors des fêtes de la Montagne. Cela permettrait aux structures qui s’impliquent en soutien aux exilés et ne sont pas déjà coordonnées entre elles, de partager des informations utiles et continuer à penser ensemble l’accueil d’exilés sur le territoire. Ce groupe avait été imaginé aussi comme groupe d’action plus politique sur l’accueil d’exilé·es sur la Montagne limousine et ailleurs (achat ou création de maisons d’accueils gérées par le groupe exilé·es, création d’un centre de ressources, d’accueil et de formation pour les femmes exilées et pour les enfants, lancer des luttes communes pour des régularisations massives des gens accueillis sur le territoire comme l’initiative prise par la Cimade pour la régularisation des jeunes du LMB, agir pour un meilleur accueil dans les structures d’accueil du territoire… ).

C’est dans cette deuxième optique que depuis l’automne dernier le groupe exilé·es, suite à l’interpellation par des résidents du Cada de Peyrelevade sur leurs conditions d’accueil dans le centre a lancé une lutte autour du Cada de Peyrelevade. Peut-être que cette focalisation n’ a pas aidé à ce que d’autres personnes venant des groupes de soutien existants rejoignent cette commission car ils avaient d’autres idées en tête sur les actions du groupe exilés du Syndicat de la Montagne limousine.

Aujourd’hui, bien que tout soit bien loin d’être réglé, la lutte autour des conditions d’accueil au Cada de Peyrelevade peut se poursuivre dans un petit groupe issu du groupe exilé·es et laisser place à d’autres envies ou idées d’actions. Certains sujets problématiques à Peyrelevade l’étant aussi ailleurs, le Syndicat va tenter de lancer des chantiers ouverts auxquels vous êtes bienvenus :

  • Accès à l’alimentation
  • Accès au soutien psy pour les exilé·es
  • Mise en place de semaines spécifiques FLE (Français langue étrangère)
  • Mise en place de journées de supervision et d’échanges pour les personnes soutenant les exilé·es animées par des professionnel·les (Centre Primo Levi probablement).

Un de ces chantiers a déjà démarré et donné lieu à une commission spécifique autour de la mobilité pour proposer (entre autres) un système efficace et durable de transports solidaires dans les mois à venir.


Si vous souhaitez suivre l’un de ces sujets, merci de vous inscrire sur la lettre d’information du Syndicat sur son site : https://syndicat-montagne.org/sabonner/ (onglet s’abonner en haut à droite).
Si vous souhaitez rejoindre l’un de ces chantiers, vous pouvez faire un mail spécifique à l’adresse syndicat-montagne@ilico.org indiquant quel chantier et vous serez recontactés par les personnes qui s’en chargent.


Vous pouvez aussi tout simplement venir à une des plénières du Syndicat (tous les 2èmes vendredi du mois), infos précisées dans les lettres d’information du Syndicat envoyées mensuellement par mail.
Concernant le dit « groupe exilé·es » au sens d’un territoire plus large, nous nous posons la question suivante : quel sens peut avoir ce type d’espace de coordination des différents groupes locaux ? Certain.es se coordonnent déjà et il ne s’agit pas de réinventer la poudre, ni de générer plus de réunions énergivores. Quelles idées d’actions ou de choses à faire avancer pour améliorer l’accueil d’exilé·es sur le territoire, pour renforcer les groupe locaux (Mas, Cimade)…

Rendez vous le 9 juillet pour en parler lors de la prochaine pleinière du Syndicat.

Gwendoline, Manon, Aiala, Lucie pour le Syndicat de la Montagne

Retour sur la création du groupe Exilé·es en soutien aux résidents du CADA de Peyrelevade

En 2015, un Centre d’Accueil pour Demandeurs d’Asile (CADA) a ouvert ses portes à Peyrelevade et y accueille jusqu’à 80 personnes.

La lettre des résidents de juillet 2019

Le 10 juillet 2019, les résidents du centre ont écrit une lettre dans laquelle ils demandaient l’amélioration de leurs conditions de vie dans le centre. Il s’agissait de 3 demandes essentielles : des cuisines collectives mieux équipées, l’installation du wifi pour avoir accès à internet et la mise en place de transports réguliers vers les villes ou les gares avoisinantes. Cette lettre fut signée par l’ensemble des résidents (moins 1 personne) et adressée au bureau de Forum Réfugiés COSI qui gère le CADA, ainsi qu’à la mairie de Peyrelevade. N’ayant pas obtenu de réponses positives, des résidents du CADA décident de contacter des membres du Syndicat de la Montagne limousine pour qu’ils les soutiennent dans leurs demandes.

Création du Groupe Exilé·es

En réponse à cette demande de soutien, le groupe Exilé·es du Syndicat de la Montagne limousine se crée lors d’une assemblée qui réunira une trentaine de personnes le 3 novembre 2019. Il est alors décidé de soutenir la demande des résidents et d’aller à la rencontre des gestionnaires du CADA (Forum Réfugiés COSI ) et du propriétaire (la mairie de Peyrelevade).

Les échanges sont difficiles et n’aboutissent qu’à très peu d’amélioration dans les demandes faites par les résidents. La crise du COVID, le premier confinement et le manque de suivi de la part du groupe Exilé·es du Syndicat de la Montagne limousine met fin aux discussions.

Été 2020 : nouvelle alerte

Un an plus tard, à l’été 2020, de nouveaux résidents alertent le groupe Exilé·es du Syndicat de la Montagne limousine car une action de nettoyage des chambres a été réalisée au CADA pour permettre une désinsectisation au cours de laquelle des meubles et affaires personnelles (miroirs, mixers, micro-onde, meubles à TV, fer à repasser, baignoire de bébé, etc.) ont été jetés et d’autres stockés par les gestionnaires (il est prévu qu’ils seront rendus à leur sortie du CADA). Cette action est ressentie comme une humiliation par plusieurs résidents.

Des membres du groupe Exilé·es rencontrent ces résidents qui en plus du choc subi suite à cette journée de nettoyage nous alertent d’une prolifération anormale de cafards dans le bâtiment depuis un an et à nouveau du manque de transports, de l’absence persistante d’accès à internet, etc.

Dans la foulée, des membres du Syndicat s’entretiennent avec la directrice du CADA pour demander un relogement rapide et savoir quelles sont les plans d’action pour éradiquer les cafards et améliorer les conditions d’accueil dans le centre. La directrice nous informe qu’elle ne relogera pas les résidents, qu’une désinsectisation aura lieu courant décembre (sans date précise) et que de l’inox et une plonge seront mis dans une des cuisines. Qu’elle ne pourra pas mettre en place plus de transports, ni travailler sur les tickets de cantine. Nous n’avons pas le temps d’aborder tous les sujets énoncés lors de l’entretien avec les résidents, mais, étant donné la situation urgente due à la crise sanitaire et au fait que des personnes soient confinées dans un centre envahi de cafards et avec des cuisines sous équipées et insalubres pour certaines, les plans d’actions du CADA ne nous ont pas semblé répondre à cette urgence.

Une nouvelle lettre des résidents

Le 10 novembre 2020, une deuxième lettre des résidents est rédigée et signée par une grande majorité (ils l’avaient traduite en plusieurs langues). Cette lettre comprend 17 points allant dans le sens de l’amélioration de leurs conditions de vie (éradiquer les cafards au plus vite, améliorer l’équipement des cuisines, mettre en place des transports et la wifi, gratuité des tickets de cantine pour les enfants inscrits à l’école de Peyrelevade, mise en place de cours de français, etc.).

Le 12 novembre 2020, une lettre écrite par le groupe Exilé·es est envoyée à la direction du CADA et en copie à la mairie de Peyrelevade pour signaler l’envahissement de cafards, l’insalubrité du centre et la nécessité d’un relogement rapide. Un courrier spécifique est également envoyé aux services de la DDCSPP (Direction Départementale de la Cohésion Sociale et de la Protection des Populations), de la Préfecture et à l’ARS (Agence Régionale de Santé) afin de signaler la situation alarmante des conditions de vie dans ce centre en temps de confinement et de crise sanitaire nationale.

Le 18 novembre un courriel de Forum Réfugiés est adressé au Syndicat en réponse à notre lettre. Forum Réfugiés nous informe que les points soulevés dans notre courrier vont dans le sens de leurs actions. Qu’ils vont procéder à une désinsectisation très rapidement, dans la semaine suivante, et qu’elle sera précédée d’un nettoyage complet des locaux. Aucune réponse n’est donnée sur les 16 autres demandes des résidents, ni sur le relogement rapide des résidents.

Le 18 novembre, toujours dans un souci de santé et d’amélioration des conditions de vie des résidents dans cette période de crise sanitaire et de confinement, le groupe Exilé·es et des membres de l’association MAS de Peyrelevade lancent par un communiqué de presse un appel à manifester devant le CADA le samedi 21 Novembre 2020. Une centaine de personnes se mobilise en présence de nombreux journalistes.

De son côté, la préfecture de la Corrèze a inspecté les lieux, constaté l’état « d’insalubrité remédiable » du CADA et intimé à Forum Réfugiés COSI de définir avant le 31 décembre 2020 un plan d’action pour remédier aux problèmes signalés dans le courrier du Syndicat et confirmés par son inspection.

Depuis…

Nous sommes inquiets quant à l’échec de la désinsectisation, car les cafards sont toujours bien présents et les conditions de vie très difficiles pour les résidents. Après cette mobilisation, le groupe Exilé·es du Syndicat de la Montagne limousine, qui agit en soutien aux résidents, a proposé à la Mairie de Peyrelevade et à la direction du CADA , une commission de travail pour trouver les meilleures solutions aux questions posées dans la lettre des résidents.

Pour le moment, Forum Réfugiés COSI n’a pas encore participé à ces réunions dans lesquelles sa présence est pourtant indispensable.

Cette commission, acceptée par la Mairie, est composée, côté Mairie, de 5 membres, et du côté du groupe Exilé·es de 3 membres. Elle s’est réunie trois fois, le 29 novembre, les 4 et 12 décembre, sans la présence de Forum Réfugiés, bien que celui-ci ait été sollicité, et sans la présence de résidents. Elle a réussi tout de même à avancer concrètement sur des points précis comme les transports et le prix des tickets de cantine. Malheureusement, la moitié du temps de travail en commission consiste actuellement à « déminer » le terrain des relations Syndicat – Commune.

Forum Réfugiés doit donc travailler actuellement à sortir de cette situation d’insalubrité, ce qui est le plus urgent, et nous appelons dans une lettre adressée à Forum Réfugiés à les rencontrer en même temps que la Mairie, lors de sa venue le 14 janvier prochain à Peyrelevade, pour que tous les points soulevés par les résidents soient pris en compte, dans un souci d’ouverture et de liens avec les habitants et les associations locales.

Dans cette démarche, la position du Syndicat est très claire : offrir un lieu de vie décent aux personnes exilées et « défendre des conditions de vie dignes pour toutes et tous » (plaquette de présentation du Syndicat). Il s’agit d’avancer concrètement pour sortir d’une situation qui dure depuis plusieurs années et dont les résidents sont les premiers touchés. Le groupe Exilé·es du Syndicat suivra cette démarche avec persévérance et continuera à travailler jusqu’à l’obtention de toutes les demandes des résidents dans les délais les plus courts.

Au-delà

En travaillant autour des problématiques du CADA, de nombreux sujets et réflexions sont apparus comme pouvant être pris en charge par le groupe Exilé·es du Syndicat de la Montagne limousine (mise en place de transports depuis tous les centres d’accueil isolés de la Montagne limousine, mise en place de formation continue de français pour les résidents, travail sur des suivis psychologiques avec interprète dans tous les centres, mise en place de gratuiteries régulières devant les centres etc.).

En guise de conclusion, nous lançons un appel à toute personne sensible à ces questions si elle désire rejoindre le groupe Exilé·es du Syndicat de la Montagne limousine afin de proposer des idées, suivre l’évolution des différents dossiers traités et travailler sur des problématiques plus larges.

Nous remercions toutes les personnes qui se sont mobilisées lors du rassemblement du 21 novembre, qui a permis une avancée dans cette lutte pour l’amélioration des conditions d’accueil au CADA de Peyrelevade.

Il n’y aura pas d’expulsion sur la Montagne Limousine !

Début juillet, des habitants de Faux-la-Montagne, en Creuse, et de villages voisins en Corrèze et Haute-Vienne, ont tenté d’empêcher l’expulsion vers l’Italie de l’un des leurs, un jeune homme soudanais en exil qu’ils accueillent depuis 8 mois avec trois autres de ses compagnons d’infortune.

La loi permettant à la préfète de la Creuse d’autoriser le jeune homme à solliciter l’asile politique en France, ces habitants lui demandaient de le faire. Malgré des demandes en ce sens répétées à maintes reprises les semaines précédentes, et une ultime tentative le 9 juillet, jour de la convocation du jeune Soudanais à la gendarmerie de Felletin, la préfète a décidé d’appliquer à la lettre les accords de Dublin et de renvoyer le jeune homme vers l’Italie, où il n’a aucune attache. Vers 20h, les quelques 200 manifestants rassemblés devant la gendarmerie, se sont fait violemment refouler par les gendarmes : une stratégie de diversion qui leur a permis d’exfiltrer le jeune homme par l’arrière de la gendarmerie, à travers un trou dans le grillage, pour le conduire vers Paris en vue de son expulsion. Une vidéo réalisée par Télé Millevaches résume cette soirée.

Le surlendemain, le jeune Soudanais a refusé d’embarquer à Roissy pour l’Italie et a alors été remis en liberté. Saisissant le tribunal administratif de Limoges pour qu’on lui reconnaisse le droit de déposer sa demande d’asile en France le 23 juillet 2018, une volte-face de dernière minute de la préfecture de la Creuse, qui craignait sans doute d’être contredite par les juges, lui permet finalement de déposer normalement sa demande d’asile en France…

Au-delà de ce cas fortement médiatisé, et devant des situations plus ou moins similaires qui sont de plus en plus nombreuses un peu partout, des habitants et amis de la Montagne limousine ont décidé d’afficher une position claire face à toutes les expulsions, transferts ou « réadmissions » vers l’Italie ou ailleurs qui ne manqueront pas de voir le jour dans la période à venir. Voici ce texte ainsi que la liste de ses premiers signataires.


Aussi loin que l’on puisse remonter la Montagne Limousine a été une terre d’émigration, mais aussi une terre d’accueil pour toutes sortes de migrants, d’exilés. Voici quelques années que la « question migratoire » refait son apparition sur les plateaux de la Montagne limousine sous un jour nouveau. Il y a trois à quatre ans, des centres d’accueil de demandeurs d’asile (CADA) ont ouvert dans plusieurs communes de la Montagne et de sa périphérie. Suite à l’expulsion militaire du campement informel de migrants de Calais, qui réunissait près de 9000 personnes, s’y sont ajoutés, comme dans de nombreuses campagnes françaises, les très mal-nommés « Centres  d’Accueil et d’Orientation » (CAO). Dans les communes qui se portèrent alors candidates à accueillir de tels centres et dans les communes avoisinantes, des collectifs, des initiatives plus individuelles ont fleuri pour organiser l’hospitalité et la solidarité avec ceux et celles qui arrivaient sur notre territoire sans l’avoir choisi. Des centaines d’habitants de la Montagne se sont ainsi coordonnés, parfois avec le soutien d’élus locaux, pour faire une place à ces nouveaux venus. Cours de français, activités diverses, repas conviviaux, transports ont été mis en place par des collectifs d’habitants solidaires. Puis, assez vite, avec l’inéluctable arrivée des premiers « déboutés » du droit d’asile, et leur sortie des dispositifs d’accompagnement légaux, habitat, subsistance, assistance juridique et morale se sont improvisés, de la même manière. Ce qui relevait des gestes les plus simples, les plus humains dans les premiers temps, s’est progressivement mué en une nécessaire organisation à la marge de la légalité. Légalité qui ne laisse que peu de place à l’expression d’une véritable solidarité avec les exilés, voire qui bien souvent la condamne, la poursuit.

Alors qu’une certaine mansuétude semblait caractériser l’application de la loi dans notre région dans la période récente, un certain nombre de personnes demandeuses d’asile et déboutées ont décidé de rester, de s’installer sur nos plateaux, dans nos communes pour le plus grand plaisir de la plupart des habitants, heureux d’accueillir et d’accompagner cette incontestable source de vitalité, de joie et d’ouverture culturelle. Nous leur avons, de multiples manières, fait place dans nos vies, ils et elles en font désormais partie intégrante. Il n’y a plus que des écarts d’ordre « légaux » entre eux, elles et nous.

Alors quand nous réalisons ces dernières semaines, qu’un tour de vis annoncé par le gouvernement depuis longtemps sur la « politique d’accueil » produit ses premiers effets visibles sur nos amis, nous ne pouvons réprimer plus longtemps notre colère. Nous les avons accueillis sans demander l’autorisation à personne, nous nous sommes organisés pour rendre leur vie ici possible même si nous ne sommes pas encore parvenus à lever toutes les difficultés causées par leur statut « légal ». Nous avons bien compris que l’opération catastrophique de maintien de l’ordre du 9 juillet 2018 à Felletin, en Creuse, valait comme un avertissement. Mais renvoyer, ou laisser renvoyer, les gens qui ont tout fait pour en partir, dans des pays où ne les attendent que persécutions, misère, torture et mort, n’est toujours pas, pour nous, un choix envisageable.

Nous, habitants et amis des diverses communes de la Montagne et de ses alentours, avons donc décidé de répondre aux Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF), aux ordres de « reconduite à la frontière », émis par les préfectures dont chacun de nos villages dépendent, de la même façon que nous avons répondu à cette situation jusque-là. Nous n’en tiendrons aucun compte. Mieux, nous serons de celles et ceux qui feront tout pour qu’ils ne soient pas suivis d’effet. Il n’y aura pas d’expulsion d’exilés sur la Montagne limousine, qu’on se le dise !

Nous appelons tout le monde, partout, à faire de même, à exercer ce « devoir de fraternité » dont de lointaines révolutions nous ont laissé l’héritage.

Signataires :

  • Marie-Noëlle Agniau, poète,Vicq-sur-Breuilh (87)
  • Dominique Albaret, maire de Saint Pardoux la Croisille, Peuple et Culture 19
  • Aquaserge (groupe de musique)
  • Armelle Barroux, rédactrice, Royère de Vassivière (23)
  • Christophe Bellec, cofondateur de la coopérative Cesam-Oxalis
  • Pierre Bergounioux, écrivain
  • Léonard Bernard, Faux la Montagne (23)
  • Frédéric Bondu, moniteur d’atelier, Gentioux-Pigerolles
  • Laurent Bourdelas, écrivain, Vicq-sur-Breuilh (87)
  • Marc Bourgeois, Faux la Montagne
  • Marie-Rose Bourneil, Maire de Tarnac (19)
  • Denise Bredinus, Gourdon-Murat
  • Milou Brette, conseillère municipale de Peyrelevade (19), syndicaliste
  • Jean-Lou Brette, Peyrelevade
  • Martine Bruzat, Felletin
  • Alain Carof, sociologue, Felletin
  • Laetitia Carton, réalisatrice, conseillère municipale de Faux-La-Montagne
  • Jean-Marie Caunet, 1er adjoint de La Nouaille (23)
  • Cimade, groupe local Peyrelevade (19)
  • Cimade, groupe local Eymoutiers (87)
  • Kléber Clemenceau, Gourdon-Murat (19)
  • Dany Clemenceau-Magnaval, conseillère municipale de Gourdon-Murat (19)
  • Gilles Clément, paysagiste, écrivain
  • Dominique Clermont, femme de théâtre, La Celle sous Gouzon (23)
  • Guillaume Codet, cuisinier, Faux la Montagne
  • Jean Combasteil, ancien député-maire de Tulle
  • Jean-Louis Comolli, cinéaste
  • Clémence Davigo, réalisatrice, Faux la Montagne
  • Yaël Davigo, étudiante, Faux la Montagne
  • Samuel Deleron, Faux la Montagne et Limoges
  • Nicolas Derieux, Maire de Saint Martin Château (23)
  • Le conseil municipal de Saint Martin Château (23)
  • Isabelle Despres, Faux la Montagne
  • Isabelle Doyon, enseignante, Faux la Montagne
  • Jean-Francois Draperi, directeur du Centre d’économie sociale du Conservatoire des Arts et métiers
  • François-Xavier Drouet, réalisateur, Faux la Montagne
  • Marie-Claire Drut, institutrice, Gentioux-Pigerolles
  • Maryse Dupont, Rempnat (87)
  • Didier Dupont, Rempnat (87)
  • Julien Dupoux, géographe
  • Philippe Eychene, ouvrier, Faux la Montagne
  • Anne-Marie Fadda, Bugeat (19)
  • Fatima Fellat, aide médico-psychologique, Eymoutiers
  • Janine Gabiache, conseillère municipale de Tarnac
  • Yvan Gabiache, Tarnac
  • Jeanne Gailhoustet, directrice de l’Ecole Nationale Supérieure d’Art de Limoges
  • Didier Garreau, Chavanac
  • Jackie Garreau, Chavanac
  • Antoine Gatet, juriste en environnement
  • Anne Germain, Faux la Montagne
  • Hélène Gibert, comédienne, Faux la Montagne
  • Emilie Gianre, conseillère municipale de Gentioux-Pigerolles (23)
  • Manon Glibert, conseillère municipale de Tarnac
  • Véronique Goga, Faux la Montagne
  • Jean-Jacques Gouguet, professeur émérite – Université de Limoges
  • Gilles Gracineau, curé d’Eymoutiers
  • Dominique Grador, Adjointe au maire de Tulle
  • Emmanuel Gratadour, Faux la Montagne
  • IPNS, journal d’information du Plateau de Millevaches
  • Isabelle Grand, Maire de Gioux (23)
  • Marie-France Houdart, ethnologue
  • Francis Juchereau, responsable associatif, chercheur associé
  • Marianne Lanavère, Eymoutiers 
  • Marc Lanceau, conseiller municipal de Faux-la-Montagne (23)
  • André Laurent, Maire de Pradines (19)
  • Patrick Leclerc, retraité, Faux la Montagne
  • Sophie Lefeuvre, Faux la Montagne
  • Paloma León, auteure
  • Thierry Letellier, Maire de la Villedieu (23)
  • Claire Lestavel, Faux la Montagne
  • Catherine Luce, conseillère municipale de Tarnac
  • Jean-Paul Lucas, enseignant retraité, Les Billanges (87)
  • Michel Lulek, Faux-la-Montagne, directeur de publication de IPNS
  • Richard Madjarev, Limoges, retraité Ministère de la Culture
  • Jacques Malnou, Faux la Montagne
  • Gérard Monédiaire, professeur émérite des facultés de droit
  • Emmanuel Monfreux, berger, Faux la Montagne
  • Montagne Accueil Solidarité (MAS) de Peyrelevade (19)
  • Montagne Accueil Solidarité (MAS) de Eymoutiers (87)
  • Montagne Accueil Solidarité (MAS) de Peyrat le Château (87)Sophie Noguet, Enseignante, Faux la Montagne
  • Jérôme Orvain, Conseiller régional Nouvelle Aquitaine pour la Creuse
  • Jean-Paul Oudot, instituteur à la retraite, Gentioux-Pigerolles
  • Mumine Ozsoy, Conseillère Régionale Nouvelle Aquitaine pour la Corrèze
  • Guillaume Paillard, Faux la Montagne
  • Michel Parot, comédien et homme de théâtre, La Celle sous Gouzon
  • Michel Patinaud, Eymoutiers
  • Frank , dessinateur de bande desinée
  • Pascale Perrier, Professeure de lettres, Faux la Montagne
  • Peuple et Culture 19
  • Pic, dessinateur
  • Dominique Pifarély, musicien
  • Jean Yves Pineau, Limoges, directeur des LOCALOS
  • Monique Plazanet, employée Ephad, Tarnac
  • Dominique Pradignac, Aixe sur Vienne, responsable syndical
  • Jean-François Pressicaud, Felletin
  • Jeanne Puchol, autrice de bande dessinée
  • Serge Quadruppani, écrivain, Eymoutiers
  • Jacqueline Renaud, retraitée, Tarnac
  • RESF 19
  • Carole Riffaud, Praticienne en péri-natalité, Eymoutiers
  • Ève Risser, musicienne
  • Jean Rochard, producteur de musique (éd.NATO)
  • Claude Rogeaux, Faux la Montagne
  • Corinne Romanet, 1ère adjointe au maire de La Villedieu
  • Benjamin Rosoux, conseiller municipal de Tarnac
  • Eric Rouvellac – Limoges – universitaire
  • Jeannot Salvatori, musicien, Faux-La-Montagne
  • Pierre Simonet, retraité, Limoges
  • Christophe Soulié, journaliste
  • Surnatural Orchestra, groupe de musique
  • Manée Teyssandier, Peuple et culture 19
  • Solenn Tiquet, infirmière, Faux la Montagne
  • Nathalie Torselli, Rempnat
  • Frédéric Torselli, maître d’oeuvre, Rempnat
  • Carole Vandroy, Festival Folie les mots, Faux la Montagne
  • Mireille Verdier, Faculté de Médecine, Université de Limoges
  • Catherine Villain, retraitée, Faux la Montagne