À Tarnac, des habitant.es sont mobilisé.es depuis maintenant 2 mois pour empêcher la coupe rase d’une forêt de feuillus. Le Bois du Chat est en passe de devenir le symbole des enjeux liés à la question forestière sur la Montagne limousine : en zone Natura 2000, sur les pentes fortement sensibles des bords de Vienne, cette forêt est destinée à être totalement rasée pour laisser place à une plantation de résineux. Une logique strictement financière, encouragée par les subventions du Plan de relance, qu’une large partie de la population n’accepte plus.
Le chantier est à l’arrêt depuis mi-décembre quand les premières alertes ont été lancées par quelques habitant.es de Tarnac découvrant le projet d’une coupe rase sur cette parcelle peuplée de chênes et de hêtres. Informé de la situation, le PNR Millevaches a fait une proposition à la propriétaire : 45000 euros pour laisser la forêt intacte en signant un contrat Natura 2000. Depuis la banlieue parisienne où elle réside, la propriétaire, qui possède sur le Plateau des centaines d’hectares, a refusé cette offre et décidé de passer en force. Lundi 13 février, la société Argil en charge du chantier a donc tenté de reprendre les travaux.
C’était sans compter la détermination du Comité de défense du bois du Chat (email, page Facebook). Dès 7h, une cinquantaine de personnes étaient présentes sur place pour empêcher le redémarrage du chantier et affirmer sa position : Non aux coupes rases de feuillus. Le rassemblement était pacifique, café et croissant accueillaient les bûcherons, eux-mêmes venus à contre-cœur sur ordre de leur patron. Les gendarmes présents n’ont pu que constater que l’impossibilité d’effectuer les travaux dans ces conditions, affirmant pour certains « partager nombre de [nos] convictions ».
Le lendemain, la préfecture de Corrèze publiait un arrêté interdisant le stationnement des véhicules sur toutes les routes et chemins menant au bois, invoquant un « risque de trouble à l’ordre public » et agitant désespérément la dérisoire menace de « l’ultra-gauche ». Pas de quoi affaiblir la mobilisation des habitant·es qui continuent à s’organiser joyeusement pour les veilles matinales malgré les rondes des gendarmes et les tentatives d’intimidation. Le combat se mène également sur le plan juridique car il y a des doutes sur la régularité du plan de gestion dont relève la parcelle.
Parce que le cas du Bois du Chat est emblématique d’une logique économique qui a déjà largement montré sa responsabilité dans la destruction des espèces et des milieux de vie, cette mobilisation est aujourd’hui relayée par de nombreux médias : en plus de la presse locale (La Montagne, France 3, France Bleu), des médias nationaux comme Mediapart, Reporterre, Canopée donnent une écho retentissant à cette lutte. En effet, s’il s’agit de « sauver le Bois du Chat », l’enjeu est aussi, depuis là, de faire évoluer la réglementation nationale et faire advenir des pratiques forestières respectueuses des humains et des milieux, comme c’est le cas chez nombre de nos voisins européens.