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Mais pourquoi donc en veulent-ils tant au Syndicat ?

Un spectre hante la Montagne limousine : le spectre du Syndicat. Des puissances qui se sentent manifestement bousculées par son existence se sont unies en une Sainte-Alliance pour traquer ce spectre et l’accuser de tous les maux.

Le sabotage de l’enduro d’Aubusson le 5 novembre : c’est lui ! Un squat qui s’ouvre à La Villedieu : c’est lui ! Il est partout, gangrène tel « un cancer » le territoire, impose sa vision des choses et empêche les gens de vivre comme ils le veulent… Diable ! De quels pouvoirs dispose donc ce spectre pour faire se lever tant de fourches ?

STOP ! Et réfléchissons un peu.

Des projets concrets

Depuis trois ans, sous le chapeau du « Syndicat de la Montagne limousine », quelques dizaines de personnes, peut-être une centaine, peut-être plus, se retrouvent dans des groupes de travail pour mener différents projets qui leur semblent importants et bénéfiques pour le territoire et les personnes qui y vivent. Par exemple : faire connaître aux communes les possibilités juridiques qui s’offrent à elles pour mobiliser des biens immobiliers vacants ; recenser les différentes solutions de transports collectifs qui existent sur la Montagne ; s’opposer à des coupes rases de feuillus et proposer des pratiques alternatives ; créer une auto-école associative pour rendre plus facile et accessible l’apprentissage de la conduite automobile ; organiser des permanences d’entraide juridique et administrative ; animer un groupe de soutien psychologique ; débattre de la ressource en eau et réfléchir aux moyens de la préserver ; soutenir les personnes exilées qui arrivent chez nous et, pour certaines, souhaitent s’y installer ; créer un outil de financement pour acquérir des parcelles forestières et les gérer de manière durable ; organiser des formations à l’agriculture ou à la foresterie ; etc. Tout cela de manière très transparente (voir son site et ses publications).

D’autres projets sont également à l’étude (une société foncière pour mettre des terres à la disposition d’installations agricoles, des lignes de transports d’utilité sociale autogérées, un organisme d’accueil communautaire et d’activités solidaires, une conserverie, etc.) qui sont présentés dans le journal du Syndicat, diffusé gratuitement sur la Montagne limousine.

Des positions claires

Par ailleurs, à côté de ces nombreuses mais encore modestes constructions, le Syndicat, comme tout syndicat, est amené à prendre position pour soutenir ou susciter des mobilisations contre des projets nocifs qui lui semblent aller dans un sens contraire aux objectifs qu’il défend (les « six perspectives » qu’on retrouve ici).

Ainsi, il s’est joint à l’Appel et à la Marche pour des forêts vivantes ; il s’est engagé par solidarité avec les autres riverains du bassin versant de la Vienne contre les projets de mégabassines dans les Deux-Sèvres ; il a répondu à l’appel des résidents d’un Centre d’accueil de demandeurs d’asile qui cherchaient un soutien pour améliorer leurs conditions d’accueil, ou encore, plus récemment, à celui de l’association Associtra pour contester l’agrandissement de la scierie Farges à Égletons. Tout cela également dans la plus grande transparence.

Mettre les points sur les i

Ces actions et ces positions gênent certain·es qui, dans la plus grande confusion, tentent de discréditer le Syndicat en lui attribuant des responsabilités qu’il n’a pas prises ou en donnant à son rôle et à son influence une place caricaturale et mensongère. Ainsi, un ex-député défait aux dernières législatives, un agriculteur dont les choix économiques s’avèrent des impasses, un maire, président déchu d’une communauté de communes, poursuivi pour faux en écriture publique, mais aussi le président du Parc naturel régional et d’autres élus qui ne connaissent nullement le Syndicat, ont-il entrepris une croisade pour dénoncer ses soi-disant prises de position, lui mettre sur le dos des actions qu’il n’a pas entreprises et sur lesquelles, pour certaines, il n’a eu ni l’occasion, ni le temps, ni l’opportunité de se positionner. Des évènements très différents, comme la course de motocross Enduo d’Aubusson ou l’ouverture d’un squat à La Villedieu, sont aussitôt exploités par ces petits barons qui mettent de l’huile sur le feu dans la poursuite de leur seul intérêt personnel ou pour faire oublier un instant les casseroles qu’ils ont aux pieds. Le silence n’étant pas toujours la meilleure réponse aux bêtises qu’on entend ou qu’on voit, le temps est venu de mettre quelques points sur les i, moins pour ceux qui profèrent ces bêtises que pour ceux qui les entendent et pourraient bien croire ce qu’on leur dit tant que, de notre côté, le « faire et laisser braire » est à l’ordre du jour.

L’Enduo saboté ? Le Syndicat !

L’intervention de quelques manifestant·es pour bloquer une course de moto dans une zone sensible aux sources du Thaurion et le défléchage du circuit conduisant à l’annulation de la course ont allègrement été attribués au Syndicat.

Lors d’une réunion publique c’est lui qui a été visé dans un propos repris par le journal La Montagne : « Le Syndicat de la Montagne limousine veut structurer le territoire et le modeler à sa façon ! » Non seulement le Syndicat n’avait appelé à aucune action mais il n’avait même pris aucune position, ne connaissant pas tous les tenants et aboutissants de cet événement et ne disposant pas du temps nécessaire pour se positionner sereinement. Peu importe, il n’était pas utile de se renseigner pour crier haro sur le Syndicat, main invisible du sabotage de la course.

Bon. Réfléchissons. Faire passer 430 motos sur une zone humide sensible, à l’heure où nous prenons massivement conscience d’une grande extinction des espèces vivantes, n’était sans doute pas des plus heureuses initiatives mais nous jugeons toujours plus opportun de nous attaquer aux logiques systémiques qu’à des pratiques individuelles ou aux personnes qui les pratiquent. Le Syndicat aurait peut-être pu s’associer aux avis défavorables émis avant la course par certaines institutions, en cohérence avec ses perspectives (mettre un terme à la destruction du vivant) ; la commune de Gentioux, le Parc naturel régional et le Conservatoire des espaces naturels du Limousin ont été à cette occasion plus réactifs.

Un squat dans une maison abandonnée ? Le Syndicat !

Quelques semaines plus tard, l’occupation d’une maison, abandonnée depuis une dizaine d’années, par quelques jeunes à la recherche d’un toit, sur la commune de La Villedieu, suscitait l’ire numérique d’un fidèle follower des actions du Syndicat qui reliait cette occupation à la publication de notre brochure sur les biens vacants (plus de 1000 téléchargements de la brochure à la suite de cette « dénonciation » !).

En effet, à côté de diverses procédures (biens sans maître, 7 pages, reconnaissance d’abandon manifeste, 3 pages, expropriation pour cause d’utilité publique, 1 page, récupération de terres agricoles, 2 pages), deux pages sont consacrées au squat (l’occupation sans droit ni titre). On peut y lire : « Si l’occupation du domicile de quelqu’un est bel et bien un délit, l’occupation sans droit ni titre d’un bien vacant n’en est pas un, tant que l’entrée ne se fait pas par effraction. » La synthèse juridique proposée dans cette brochure serait la preuve manifeste de la présence du Syndicat derrière ce squat… Là encore, non seulement le Syndicat n’a nullement organisé cette occupation, mais il n’avait alors même pas pris position.

Bon. Réfléchissons. Qu’une maison qui depuis dix ans est laissée à l’abandon, dont les parquets s’effondrent, que son propriétaire a toujours refusée de louer ou de vendre et qu’il n’occupe plus depuis de longues années (en aucun cas une « résidence secondaire » comme l’a dit avec beaucoup d’hypocrisie ou d’ignorance la préfecture de la Creuse), soit soudainement ouverte, nettoyée, aérée et retrouve une fonction qu’elle n’avait plus, de plus pour accueillir de jeunes habitants et habitantes, voilà qui devrait nous réjouir. Et en essayant d’être conséquent avec ses positions, le Syndicat ne peut que soutenir une initiative bénéfique pour le territoire et pour un bâti qui se dégradait.

Qui pense sérieusement qu’il vaut mieux laisser pourrir la maison d’un propriétaire absentéiste ? Peut-être les quatre personnes qui dans la nuit du 9 au 10 décembre ont tenté de déloger ces nouveaux habitants, cassant des carreaux, abîmant la porte, invectivant les occupants, répondant peut-être ainsi aux appels au meurtre diffusés sur le réseau bien peu « social » Facebook (une photo de fusil ou encore une invitation à prendre une arme). Face à ce genre de situation, il est clair que ne pas s’afficher solidaire des squatteurs serait une lâcheté.

Les sous-marins du Syndicat ?

Au-delà, certaines personnes ou groupes ont fait l’objet de mesures qui apparaissent comme directement liées à leur proximité avec le Syndicat. Ainsi, juste après avoir accueilli la Veillée trimestrielle du Syndicat le 19 novembre 2022, le collectif meymacois Fossile Futur recevait la visite du maire accompagné de gendarmes lui intimant, pour des raisons de sécurité, de cesser ses activités. Ceux-ci ont pénétré dans l’ensemble de la maison et filmé chaque pièce. Le maire, par ailleurs président du PNR, a alerté la propriétaire en dénonçant les jeunes artistes du collectif, qu’il avait pourtant auparavant accueillis à bras ouverts… A-t-il été enfumé par des services de police qui voient la main de « l’ultra-gauche » partout ?

Ce même président du PNR avait indiqué à l’association de la Fête de la Montagne limousine, le 26 août, qu’il souhaitait « recevoir une sollicitation (par courrier ou par mail) de la part d’un représentant de l’association de la Fête de la Montagne Limousine, faute de quoi les salariés et/ou les élus du Parc ne pourront pas participer à cet évènement. » De quoi s’agissait-il ? Une simple invitation à prendre part à un débat leur avait été envoyée par le groupe Eau du Syndicat… Ainsi, pour frayer dans nos eaux syndicales, les élus du parc doivent recevoir l’autorisation de leur président, de plus sous couvert d’une association tierce (celle de la Fête) !

Autre curiosité : Le groupe d’entraide administrative et juridique qui tient des permanences à Eymoutiers, Gentioux, Peyrat-le-Château, Royère-de-Vassivière, Tarnac, se voit invité par un élu de Felletin à venir en proposer dans la médiathèque de sa commune. La directrice se montre accueillante et, par formalité, la demande est officiellement déposée auprès du bureau de la communauté de communes Creuse Grand Sud …qui rejette la proposition ! Raison invoquée : « Ne serait ce pas plutôt à la commune de gérer cela ? » Il n’y aura donc pas de permanence à la médiathèque de Felletin. Le spectre du Syndicat là encore a fait fuir quelques élu·es… tandis que, quelques jours plus tôt, un inspecteur de la Direction régionale de l’économie, de l’emploi et du travail de Nouvelle-Aquitaine interviewait longuement le salarié et une bénévole du groupe en vue de dupliquer sur d’autres territoires cette initiative jugée exemplaire !

Ainsi, par le biais d’un groupe d’entraide, d’un collectif d’artistes ou d’une fête annuelle, le Syndicat étendrait-il, telle une pieuvre, ses ramifications partout, au détriment… au détriment de qui du reste ?

Recadrons

Il est temps de recadrer les choses. Non, le Syndicat n’a pas pour but de « régenter » le Plateau. Il est l’expression d’habitants et d’habitantes qui prennent en charge des actions relevant, à leurs yeux, de l’intérêt du territoire et ils le feront avec qui se reconnaît dans ses objectifs. Oui, le Syndicat heurte sans doute des habitudes, des ronrons et ses manières de travailler ne sont pas toujours celles des institutions. Non, le Syndicat ne vise pas à attaquer les personnes individuellement, mais, parce qu’il prend au sérieux les engagements et les perspectives qu’il a définis, il sait qu’il ne peut pas faire l’unanimité et que la démocratie est forcément conflictuelle. Mais le Syndicat ne se laissera pas instrumentaliser, insulter, caricaturer. Nous sommes persuadé·es que nos propositions vont dans le sens d’une meilleure vie ici ; que défendre les services à la population, l’accès à la terre, une gestion durable des forêts, un environnement et des activités économiques à échelle humaine sont les seuls chemins raisonnables pour l’avenir du plateau de Millevaches. Quoi qu’ils fassent, ceux qui pensent le contraire ne pourront détruire l’énergie des centaines de personnes et de structures qui, sur notre territoire, œuvrent déjà dans ce sens. À persister dans l’appel à la violence, la dénonciation calomnieuse, l’insinuation, à croire béatement les sornettes de la police ou des préfectures, à fermer les yeux sur les enjeux qu’il nous faut affronter aujourd’hui, ils se discréditent, se trompent de cible et contribuent à l’aggravation de la situation. Ils en prennent la responsabilité. Nous ne manquerons pas de le leur rappeler désormais régulièrement.