En 2015, un Centre d’Accueil pour Demandeurs d’Asile (CADA) a ouvert ses portes à Peyrelevade et y accueille jusqu’à 80 personnes.
La lettre des résidents de juillet 2019
Le 10 juillet 2019, les résidents du centre ont écrit une lettre dans laquelle ils demandaient l’amélioration de leurs conditions de vie dans le centre. Il s’agissait de 3 demandes essentielles : des cuisines collectives mieux équipées, l’installation du wifi pour avoir accès à internet et la mise en place de transports réguliers vers les villes ou les gares avoisinantes. Cette lettre fut signée par l’ensemble des résidents (moins 1 personne) et adressée au bureau de Forum Réfugiés COSI qui gère le CADA, ainsi qu’à la mairie de Peyrelevade. N’ayant pas obtenu de réponses positives, des résidents du CADA décident de contacter des membres du Syndicat de la Montagne limousine pour qu’ils les soutiennent dans leurs demandes.
Création du Groupe Exilé·es
En réponse à cette demande de soutien, le groupe Exilé·es du Syndicat de la Montagne limousine se crée lors d’une assemblée qui réunira une trentaine de personnes le 3 novembre 2019. Il est alors décidé de soutenir la demande des résidents et d’aller à la rencontre des gestionnaires du CADA (Forum Réfugiés COSI ) et du propriétaire (la mairie de Peyrelevade).
Les échanges sont difficiles et n’aboutissent qu’à très peu d’amélioration dans les demandes faites par les résidents. La crise du COVID, le premier confinement et le manque de suivi de la part du groupe Exilé·es du Syndicat de la Montagne limousine met fin aux discussions.
Été 2020 : nouvelle alerte
Un an plus tard, à l’été 2020, de nouveaux résidents alertent le groupe Exilé·es du Syndicat de la Montagne limousine car une action de nettoyage des chambres a été réalisée au CADA pour permettre une désinsectisation au cours de laquelle des meubles et affaires personnelles (miroirs, mixers, micro-onde, meubles à TV, fer à repasser, baignoire de bébé, etc.) ont été jetés et d’autres stockés par les gestionnaires (il est prévu qu’ils seront rendus à leur sortie du CADA). Cette action est ressentie comme une humiliation par plusieurs résidents.
Des membres du groupe Exilé·es rencontrent ces résidents qui en plus du choc subi suite à cette journée de nettoyage nous alertent d’une prolifération anormale de cafards dans le bâtiment depuis un an et à nouveau du manque de transports, de l’absence persistante d’accès à internet, etc.
Dans la foulée, des membres du Syndicat s’entretiennent avec la directrice du CADA pour demander un relogement rapide et savoir quelles sont les plans d’action pour éradiquer les cafards et améliorer les conditions d’accueil dans le centre. La directrice nous informe qu’elle ne relogera pas les résidents, qu’une désinsectisation aura lieu courant décembre (sans date précise) et que de l’inox et une plonge seront mis dans une des cuisines. Qu’elle ne pourra pas mettre en place plus de transports, ni travailler sur les tickets de cantine. Nous n’avons pas le temps d’aborder tous les sujets énoncés lors de l’entretien avec les résidents, mais, étant donné la situation urgente due à la crise sanitaire et au fait que des personnes soient confinées dans un centre envahi de cafards et avec des cuisines sous équipées et insalubres pour certaines, les plans d’actions du CADA ne nous ont pas semblé répondre à cette urgence.
Une nouvelle lettre des résidents
Le 10 novembre 2020, une deuxième lettre des résidents est rédigée et signée par une grande majorité (ils l’avaient traduite en plusieurs langues). Cette lettre comprend 17 points allant dans le sens de l’amélioration de leurs conditions de vie (éradiquer les cafards au plus vite, améliorer l’équipement des cuisines, mettre en place des transports et la wifi, gratuité des tickets de cantine pour les enfants inscrits à l’école de Peyrelevade, mise en place de cours de français, etc.).
Le 12 novembre 2020, une lettre écrite par le groupe Exilé·es est envoyée à la direction du CADA et en copie à la mairie de Peyrelevade pour signaler l’envahissement de cafards, l’insalubrité du centre et la nécessité d’un relogement rapide. Un courrier spécifique est également envoyé aux services de la DDCSPP (Direction Départementale de la Cohésion Sociale et de la Protection des Populations), de la Préfecture et à l’ARS (Agence Régionale de Santé) afin de signaler la situation alarmante des conditions de vie dans ce centre en temps de confinement et de crise sanitaire nationale.
Le 18 novembre un courriel de Forum Réfugiés est adressé au Syndicat en réponse à notre lettre. Forum Réfugiés nous informe que les points soulevés dans notre courrier vont dans le sens de leurs actions. Qu’ils vont procéder à une désinsectisation très rapidement, dans la semaine suivante, et qu’elle sera précédée d’un nettoyage complet des locaux. Aucune réponse n’est donnée sur les 16 autres demandes des résidents, ni sur le relogement rapide des résidents.
Le 18 novembre, toujours dans un souci de santé et d’amélioration des conditions de vie des résidents dans cette période de crise sanitaire et de confinement, le groupe Exilé·es et des membres de l’association MAS de Peyrelevade lancent par un communiqué de presse un appel à manifester devant le CADA le samedi 21 Novembre 2020. Une centaine de personnes se mobilise en présence de nombreux journalistes.
De son côté, la préfecture de la Corrèze a inspecté les lieux, constaté l’état « d’insalubrité remédiable » du CADA et intimé à Forum Réfugiés COSI de définir avant le 31 décembre 2020 un plan d’action pour remédier aux problèmes signalés dans le courrier du Syndicat et confirmés par son inspection.
Depuis…
Nous sommes inquiets quant à l’échec de la désinsectisation, car les cafards sont toujours bien présents et les conditions de vie très difficiles pour les résidents. Après cette mobilisation, le groupe Exilé·es du Syndicat de la Montagne limousine, qui agit en soutien aux résidents, a proposé à la Mairie de Peyrelevade et à la direction du CADA , une commission de travail pour trouver les meilleures solutions aux questions posées dans la lettre des résidents.
Pour le moment, Forum Réfugiés COSI n’a pas encore participé à ces réunions dans lesquelles sa présence est pourtant indispensable.
Cette commission, acceptée par la Mairie, est composée, côté Mairie, de 5 membres, et du côté du groupe Exilé·es de 3 membres. Elle s’est réunie trois fois, le 29 novembre, les 4 et 12 décembre, sans la présence de Forum Réfugiés, bien que celui-ci ait été sollicité, et sans la présence de résidents. Elle a réussi tout de même à avancer concrètement sur des points précis comme les transports et le prix des tickets de cantine. Malheureusement, la moitié du temps de travail en commission consiste actuellement à « déminer » le terrain des relations Syndicat – Commune.
Forum Réfugiés doit donc travailler actuellement à sortir de cette situation d’insalubrité, ce qui est le plus urgent, et nous appelons dans une lettre adressée à Forum Réfugiés à les rencontrer en même temps que la Mairie, lors de sa venue le 14 janvier prochain à Peyrelevade, pour que tous les points soulevés par les résidents soient pris en compte, dans un souci d’ouverture et de liens avec les habitants et les associations locales.
Dans cette démarche, la position du Syndicat est très claire : offrir un lieu de vie décent aux personnes exilées et « défendre des conditions de vie dignes pour toutes et tous » (plaquette de présentation du Syndicat). Il s’agit d’avancer concrètement pour sortir d’une situation qui dure depuis plusieurs années et dont les résidents sont les premiers touchés. Le groupe Exilé·es du Syndicat suivra cette démarche avec persévérance et continuera à travailler jusqu’à l’obtention de toutes les demandes des résidents dans les délais les plus courts.
Au-delà
En travaillant autour des problématiques du CADA, de nombreux sujets et réflexions sont apparus comme pouvant être pris en charge par le groupe Exilé·es du Syndicat de la Montagne limousine (mise en place de transports depuis tous les centres d’accueil isolés de la Montagne limousine, mise en place de formation continue de français pour les résidents, travail sur des suivis psychologiques avec interprète dans tous les centres, mise en place de gratuiteries régulières devant les centres etc.).
En guise de conclusion, nous lançons un appel à toute personne sensible à ces questions si elle désire rejoindre le groupe Exilé·es du Syndicat de la Montagne limousine afin de proposer des idées, suivre l’évolution des différents dossiers traités et travailler sur des problématiques plus larges.
Nous remercions toutes les personnes qui se sont mobilisées lors du rassemblement du 21 novembre, qui a permis une avancée dans cette lutte pour l’amélioration des conditions d’accueil au CADA de Peyrelevade.