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Retours sur la manifestation à Truffy, samedi 17 avril contre la réintoxication du monde

@ Radio France – Matthieu Le Meur

Nous étions plus de 100 rassemblé-es samedi dernier pour dénoncer le pillage honteux d’une forêt de feuillus et l’intoxication par les coupes rases du plateau de Millevaches !

Contexte
Cette coupe rase, réalisée sur le hameau de Truffy, à une période de l’hiver tout particulièrement pluvieuse, sur plus de 4 ha, participe au ravage des milieux vivants du plateau. Située en zone Natura 2000, le passage des machines y a causé l’assèchement d’un ruisseau et la détérioration d’une zone humide, la disparition d’une forêt de feuillus qui comprenait entre autres, de vieux chênes, des châtaigniers et des hêtres centenaires. Les mairies de Faux et la Villedieu, qui se sont élevées contre cette coupe en faisant remonter l’information au département, se sont vues répondre que tout avait été fait dans les règles.

Déroulé de la matinée
Sur l’impressionnant tas de troncs coupés, à quelques centaines de mètres du site pillé, une banderole “La filière bois / La forêt trinque” a été déployée pour l’occasion : c’est en effet l’industrie du bois qui est ici pointée du doigt, à l’origine de la pression mise sur les forêts et l’exigence de rentabilité qui conduit à des pratiques incompatibles avec le respect de l’environnement.
Quelques prises de parole se sont enchainées pour présenter le contexte du rassemblement et le déroulement de la matinée. Puis le petit cortège s’est mis en route travers bois pour descendre jusqu’à la parcelle en question et constater les ravages.
Dans le lot des personnes rassemblées, on a pu noter la présence des maires de Faux-la-Montagne et de la Villedieu, ainsi que de naturalistes, de forestier-es et d’agriculteur-ices, qui ont pu prendre la parole pour apporter des explications complémentaires.

Ne pas rester impuissant-es

Les groupes de travail du Syndicat de la Montagne Limousine ont ensuite présenté leurs initiatives pour prendre concrètement en charge la destruction des milieux sur le territoire :
le groupe forêt s’organise actuellement pour tenter le rachat de parcelles forestières en créant une structure adaptée (groupement forestier, coopérative, fond de dotation…). Une fois acquises, il souhaite pouvoir y organiser des formations à la sylviculture douce et ouvrir ainsi la voie aux alternatives forestières. Une manière de montrer par l’exemple aux propriétaires forestiers que d’autres gestions sont possibles.
le groupe agriculture lui aussi souhaite trouver des solutions contre les coupes rases : il
propose de créer une association capable de récupérer des parcelles rasées afin de les sortir de la logique “coupe-plantation”. Dès lors, il s’agira de réfléchir collectivement aux usages les plus adaptés à la restauration de chacune : pâturage pour favoriser le réenrichissement des sols, régénération spontanée et réduction des usages, plantation diversifiée selon les principes de l’agriculture syntropique…
le groupe eau a exposé la prochaine Fête du Bassin versant de la Vienne qui se déroulera du 31 mai au 12 juin. Les impacts sur l’eau de l’industrie forestière ne sont pas des moindres. La question de la gestion collective des forêts devrait y être discutée et enrichie des différentes discussions et rencontres que permettra cette fête.

Un réseau de luttes locales contre la réintoxication
Ce rassemblement fait échos aux quarante autres actions qui ont été menées partout en
France ce même jour, pour lutter contre l’implantation d’une ferme-usine, l’extension de carrières de sable, l’artificialisation de jardins ouvriers, la construction de zones industrielles, l’arrivée d’un entrepôt Amazon, des projets routiers détruisant des terres agricoles…

Revue de presse :
Un très bon article de La Montagne qui met en lumière les principaux arguments contre la coupe rase, les leviers d’évolution des pratiques, et le paradoxe des politiques publiques.
Un reportage de France bleu Limousin qui met en exergue le Syndicat de la Montagne Limousine et la solution proposée par le groupe agricole de “réparer” les coupes rases par du pâturage. Précisons que cette pratique s’appliquerait davantage à des coupes rases de résineux.
Un article de France bleu Limousin, pas terrible, qui identifie les manifestant-es comme des “anti-coupes rases” et donne la parole au syndicat des sylviculteurs qui insiste sur le fait que les coupes rases sont très encadrées.

Un reportage de France 3 Limousin, diffusé dans toute la région au 19/20 du 17 avril. Bonne contextualisation de la coupe rase. Si les forestiers se défendent en justifiant que toutes les coupes sont régénérées par la suite, le dernier mot est laissé à Thierry Letellier (maire de la Villedieu) qui contre cet argument avec brio.
Replay : jt du 17/04 à partir de 7’45 jusqu’à 9’35.
Article sur le site internet de France 3