Illégal ?
Depuis le début avril, nous occupons un immeuble situé au 29 rue de la république, à Eymoutiers.
Il s’agit d’un immeuble appartenant à l’ODHAC 87, un organisme public « à vocation sociale », laissé vacant depuis plus de six ans. Nous avons trouvé cet immeuble ouvert. Nous avons découvert, derrière ses portes, onze appartements en parfait état. Depuis, on nous oppose des questions liées au droit.Seulement deux jours après une première tentative de négociation, nous avons été assignés en justice par l’ODHAC.
Cette question du droit nous interroge. On peut invoquer toutes les lois que l’on veut, pour nous, la situation est simple. Des personnes, des familles, sont à la rue. En parallèle,ces appartements sont vides. Toute loi qui prétendrait que cela est normal est une loi injuste. Toute loi qui ferait passer les droits d’un organisme public « à vocation sociale » avant les droits de personnes ayant besoin d’un toit est une loi injuste. Tout organisme « à vocation sociale » qui laisserait onze logements vacants durant six ans alors que des personnes ont besoin d’un toit, échoue dans sa vocation sociale.
Cette question de la loi et de l’illégalité voudrait s’étendre jusqu’aux corps des personnes que nous avons mis à l’abri. Nous ne comprenons pas cette logique. Nous ne souhaitons pas la comprendre. Nous constatons seulement les conséquences de telles décisions pour les familles, pour les enfants, à qui la loi déclare « vous êtes illégaux ». Nous constatons seulement la violence et l’absurdité d’une institution qui dit « il a été décidé que vous n’existez plus ». Nous constatons seulement que la loi n’efface pas les corps, ni le besoin d’avoir un toit.
Ces appartements appartiennent à un opérateur public. Nous sommes le public. Nous habitons ici. Nous n’opérons pas depuis le confort de nos bureaux, ailleurs. Nous avons des valeurs, transmises par nos anciens. Elles sont simples. Nous refusons de laisser des personnes, quelles qu’elles soient, chez nous, sans toit. Nous ne discriminons pas dans notre démarche. Nous ne faisons du mal à personne. Nous n’occupons pas ce bâtiment pour les droits des uns contre ceux des autres. Nous disons « il y a des personnes dans le besoin, et de quoi subvenir à ce besoin. »
« Garantir le droit au logement constitue un devoir de solidarité pour l’ensemble de la nation », conclut la loi Besson de 1990. « Par sa vocation sociale, l’ODHAC accompagne les ménages modestes, y compris les plus défavorisés », peut-on lire sur le site de l’ODHAC.
La question de l’hypocrisie nous interroge autant que celle du droit.
Les soutiens pour un hébergement solidaire, dont l’association Montagne accueil solidarité, le collectif Chabatz d’entrar, le Syndicat de la montagne limousine – 2 mai 2022