La veille du 1er Mai, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, a annoncé lancer une procédure de dissolution à l’encontre du principal mouvement de soutien au peuple palestinien en France : Urgence Palestine.
En annonçant la dissolution de ce collectif et celle de la Jeune Garde antifasciste, Retailleau musèle les voix qui s’opposent au génocide à Gaza et confirme que l’extrême droite n’a pas besoin d’attendre les prochaines élections pour exercer le pouvoir.
Le Syndicat de la Montagne limousine se joint à l’ensemble des forces qui ont exprimé dès les premières heures suivant cette annonce leur solidarité avec cette coalition emmenée par des exilé·es palestinien·nes en France et fer de lance de la mobilisation populaire en solidarité avec le peuple palestinien.
Prendre cette position en tant qu’organisation locale d’habitant·es répond pour nous à plusieurs facteurs croisés de la situation présente : à la fois une marque de solidarité particulière avec Urgence Palestine, face à cette nouvelle tentative du gouvernement de faire taire toutes les voix contestataires, une solidarité avec le peuple palestinien et avec les personnes et les organisations qui brisent le silence sur le génocide en cours, et une prise de parti aux côtés de toutes les associations, collectifs, syndicats qui subissent depuis des mois et des années un véritable harcèlement administratif et judiciaire de la part des gouvernements successifs. En effet, en Limousin comme en tant d’autres points du territoire, il ne se passe plus une semaine sans que nous ayons vent de nouvelles attaques préfectorales contre les personnes exilées (multiplication des obligations de quitter le territoire, arrestations coordonnées d’exilé·es à travers tout le Limousin le 27 mars dernier…), contre les collectifs et les personnes qui participent à leur soutien et à leur accueil, contre les associations et personnes actives dans les luttes contre la surexploitation forestière, contre l’accaparement de l’eau, ou qui tentent de s’organiser de manière autonome pour répondre à leurs besoins. Pour ne parler que d’exemples récents, on ne compte plus les associations qui se sont vu refuser des subventions publiques ou des agréments au titre du Contrat d’engagement républicain, et pour être suspectées de participer de près ou de loin aux luttes sociales, féministes, anti-racistes ou écologiques, mais aussi les personnes harcelées de différentes manières par les services administratifs ou la gendarmerie pour des motifs toujours plus absurdes (retraits de permis de chasser ou de conduire pour des raisons politiques, poursuites et placements en garde à vue abusifs…).
Les derniers mois ont aussi vu des centaines de personnes poursuivies partout en France pour avoir simplement témoigné publiquement de leur solidarité avec le peuple gazaoui sous le feu incessant de l’armée israélienne.
L’annonce de la dissolution d’Urgence Palestine quelques heures à peine après un assassinat islamophobe, et à l’heure où le gouvernement israélien annonce une invasion totale de la Bande de Gaza, relève d’une surenchère criminelle du gouvernement français. Par là même, il assume pleinement sa complicité avec l’écrasement et le déplacement de la totalité de la population de Gaza et sa propre fuite en avant raciste et xénophobe.
S’il est bien d’autres situations dramatiques en cours de par le monde, au Soudan, au Congo, au Myanmar, en Ukraine, qui méritent tout autant notre solidarité, la situation de guerre coloniale totale à Gaza en tant qu’elle implique directement la plupart des gouvernements occidentaux (qui la soutiennent tous au moins verbalement ou par leur silence) et en tant qu’elle a suscité un mouvement de solidarité mondial massif, a une dimension symbolique particulière. Contrairement à des pays proches comme la Belgique, l’Espagne ou l’Irlande, la France refuse toujours de prendre la moindre sanction contre Israël, comme a minima la dénonciation de l’accord commercial UE-Israël. Complice du criminel de guerre Netanyahou, le gouvernement français l’a laissé survoler le territoire au mois d’avril, en violation des règles internationales. Il s’apprête à laisser venir des industriels militaires israéliens au salon de l’armement du Bourget, et ne prend aucune mesure pour empêcher la livraison d’armes françaises à Israël.
La destruction et l’invasion totale de Gaza couplée à l’attaque systématique partout dans le monde des soutiens les plus actifs du peuple palestinien sont une attaque contre nous toutes et tous. N’attendons pas d’être les prochain·es sur la liste de monsieur Retailleau ou de ses successeurs.