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Clôture de l’Assemblée pour des forêts vivantes

 » En tant que collectif organisateur de ces rencontres, nous, membres du Syndicat de la Montagne Limousine, tenons à vous dire que nous sommes ravis de vous avoir accueilli et d’avoir organisé cet évènement sur notre territoire, territoire que nous aimons et défendons ardemment !

Nous croyons que des évènements comme celui-ci sont plus que nécessaires pour assurer un avenir désirable à ces milieux formidables que sont les forêts mais aussi un avenir désirable pour notre espèce et toutes les autres formes de vie. Partout sur terre, nous faisons les mêmes constats : entraînées par les forces de la finance, du capital et des intérêts privés, nos sociétés dites « modernes et civilisées » se livrent à une course effrénée dans la destruction du vivant ; et le moins qu’on puisse dire c’est que les forêts sont en première ligne sur ce front. Mues par un appétit sans limite, ces forces sont résolues à exploiter les forêts jusqu’à la dernière goutte de sève, laissant à la place des milieux désolés et exsangues, des plantations austères et sinistres. Elles illustrent jour après jour qu’elles n’ont aucune considération pour le vivant car elles ne jurent que par l’économie, la productivité, la rentabilité et le profit !

Dans tous les pays, sur tous les territoires, les mêmes constats : la forêt est convoitée comme un gisement qui sera tard ou tôt épuisé. Heureusement le vivant se défend ! En réaction à ses forces d’anéantissement, partout dans le monde des voix s’élèvent, des personnes s’organisent, se fédèrent et œuvrent jour après jour en faveur du vivant !

En faisant ce que nous sommes en train de faire, nous participons à un mouvement plus vaste, dont l’échelle est planétaire et la nécessité vitale. Aux milles coins du globe, d’autres personnes, d’autres peuples, comme nous, luttent pour des forêts vivantes ! Comme nous iels sont des gardiens et des gardiennes de la forêt, au service du vivant !

Celles et ceux qui se sont déjà retrouvé.e.s au pied d’un arbre quatre fois centenaire savent parfaitement la nécessité qu’il y a à sauvegarder de telles merveilles et les milieux associés. Cela, on le comprend immédiatement au contact de ces êtres, ces arbres qui étaient déjà là avant nous, avant nos parents et les parents de nos parents et qui le seront encore après nos enfants et les enfants de nos enfants. Ces arbres ont la capacité de nous guider et de nous inspirer dans nos vies, ils sont les incarnations du temps qui nous échappe ! Ils sont le mariage du ciel et de la terre et les symboles de la sagesse. Quand l’Arbre Ancien couvre l’Individu de ses branches et l’enveloppe de ses racines, il lui montre le chemin de l’éveil, il lui montre que lui aussi fait partie de la Forêt et qu’il ne lui est pas étranger.

Malheureusement, de tels arbres se font rares de nos jours. Nous subissons les sévices de choix faits par le passé et nous héritons de leurs méprises. Les coupes à blanc sont les plaies que nous venons panser ; et les enseignements à en tirer sont gravés dans les chairs de la terre. Les arbres séculaires se font rares, hélas. Mais si nous préservons ceux qui existent aujourd’hui, dans quelques centaines d’années, ce qui n’est rien, des arbres multi-centenaires fleuriront partout dans nos forêts. Et cela ne sera pas incompatible avec la gestion forestière, la possibilité de récolter des arbres et d’en tirer des revenus. Nous pouvons et devons vivre de la forêt autant que nous vivons avec elle. Il y a des arbres et des forêts pour tous les usages, là est la richesse de ces milieux parmi les plus fertiles, productifs et inspirants qui existent.

En œuvrant pour les forêts, nous nous inscrivons sur le temps long. Nous gardons en tête que nos actions à ce jour ne sont peut-être que des graines que nous semons à la volée et qui ne porteront leurs fruits que pour la septième génération à venir. Ce que nous faisons avec cette assemblée est local, à notre échelle, mais participe aussi à quelque chose de plus grand. Nous participons à l’avènement d’une ère nouvelle.

Une ère où le vivant sera libéré de toutes les formes d’impérialisme, d’asservissement, d’oppression et d’accaparement ;

Une ère où nos sociétés ne seront plus gangrénées par le patriarcat, les rapports de domination et de propriété, où le vivant ne sera plus maltraité, où la terre ne sera plus asséchée, où les peuples cesseront de s’entretuer, de s’exploiter ou de se subordonner ;

Une ère où la terre ne sera pas transformée en un désert aride et stérile mais où elle restera cette étendue fertile, nourricière et hospitalière, comme elle l’a toujours été depuis que notre espèce y habite.

Cet horizon, cette bannière sous laquelle nous nous regroupons c’est l’ère du Symbiocène, une ère où l’humain est une force au service du vivant, une force qui favorise les relations, les connexions, les interdépendances, les symbioses entre les espèces, une force qui fait preuve d’humilité et s’incline, une force qui prend soin de la terre et de tout ce qui s’y trouve. Et c’est pour cela que nous devons continuer à lutter, en veillant les uns sur les autres, en veillant sur le vivant, en chérissant ce qui est beau, ces lieux qui nous entourent et que nous habitons et qui sont les véritables richesses de ce monde, les seules dont nous disposons réellement !

Les forêts sont un symbole puissant, la survivance de ce qu’il reste de magie dans ce monde. Elles sont le refuge de la vie sauvage, le lieu où naissent les insurrections et où s’organisent les révolutions. La Forêt et l’Arbre sont des piliers, ceux de la Résistance, de la Guérison et de l’Abondance. C’est pourquoi nous devons la défendre et en prendre soin, et c’est pourquoi nous devons l’habiter et l’aimer, autant qu’elle nous habite et nous abrite.

MERCI à tous et à toutes ! Pour votre venue et votre contribution ! « 

C’était le samedi 29 juin 2024 à Royère de Vassivière