De Nedde à Peyrelevade, les projets éoliens qui fleurissent sur la Montagne limousine ne font pas l’unanimité. Les habitant.es ne sont pas associés à ces choix qui façonnent le territoire et se questionnent : pour faire face au changement climatique, les éoliennes industrielles sont-elles une solution ?
Depuis l’ouverture du marché de l’électricité aux appétits financiers les éoliennes ont envahi nos paysages, bouleversant les panoramas traditionnels. Les débats font rage, parfois tendus, entre élus locaux contraints par des budgets serrés, habitant.es impactés par la présence de ces énormes machines et une administration préfectorale sourde aux mobilisations citoyennes.
Alors, « pour ou contre l’éolien » ? Le débat est souvent présenté sous cette unique alternative. Il y aurait d’un côté des réactionnaires crispés sur une vision conservatrice des paysages et de l’autre, les tenants d’une modernité sobre, alternative au productivisme capitaliste. Après tout, ces machines n’ont-elles pas tout pour séduire ? Y a-t-il plus naturel, plus « libre », plus écolo que le vent qui pousse les pales comme il fait frétiller les feuilles de nos arbres ? La publicité des industriels exploite habilement ce filon.
Déni de démocratie et supercherie « écologique »
Dans la plupart des projets, les habitant.es ne sont pas questionnés. L’avis des élus eux-mêmes, quand il est négatif, est ignoré, les études d’impact des promoteurs sont bâclées, une manifestation de plus du mépris dans lequel les industriels et les administrations tiennent les citoyens.
Au nom de quel droit, le paysage, qui est un bien commun pourrait-il être confisqué par un promoteur sans l’avis des populations ? Pas plus qu’un propriétaire de forêt ne devrait avoir le droit d’y opérer une coupe rase sans s’inquiéter des conséquences environnementales, un industriel ne devrait avoir le droit de confisquer un paysage pour y implanter ses machines, à grands coups de bulldozers et de béton.
Car derrière ces machines se cache une catastrophe écologique : oiseaux et chauve-souris en sont les premières victimes. À Peyrelevade, des espèces en danger sont bien présentes et repérées par les promoteurs eux-mêmes : grande noctule, pipistrelle, milan royal… Ces éoliennes dominent les vallées du Cubaynes classées « rivières sauvages » mais les eaux et les sols sont dégradés du fait des ruissellements : laitance du ciment, huiles… Des milliers de tonnes de béton sont nécessaires au maintien des machines, sans compter les terres rares nécessaires à la construction et les mines de cuivre pour le transport de l’électricité produite. Ajoutons à cela que le clignotement des éoliennes met à mal notre remarquable ciel étoilé distingué par le label RICE. Il est donc cohérent que le PNR ait pris une position de principe ferme en se déclarant hostile à toute nouvelle implantation d’éoliennes.
Une affaire rentable. Mais pour qui ?
De grandes entreprises comme Total, Iberdrola ou Nordex sont reines du marché mais qui paie ces requins de la finance ? Ce sont les citoyens dans leur ensemble car même lorsque ces sociétés privées ne sont pas nos fournisseurs directs, nous payons le marché conclu par l’État et EDF qui se sont engagés à racheter l’électricité éolienne à un prix bien supérieur à son coût réel. C’en est fini du service public d’électricité (comme de l’eau, de la poste ou du rail) qui garantissait à tous depuis 1946, un prix unique du KW.
Derrière ces « parcs » se cache mal le productivisme : vouloir contrer le changement climatique engendré par la course à la production, par une nouvelle course à la production, c’est un peu comme confier au pyromane le soin d’éteindre l’incendie. E. Macron nous a promis 8000 éoliennes de plus d’ici la fin de son mandat et l’a répété : « il nous faudra produire 60 % d’électricité supplémentaire d’ici 2050 ! ». Et en effet, dans un monde où le bien-être ne se mesure qu’à la hauteur du PIB, comment envisager des chemins de sobriété ?
Une inquiétude grandissante
À Peyrelevade, le parc éolien installé en 2004 arrive à son terme. Vingt ans, nous aurions pu espérer un bilan et un questionnement. Eh bien non : « toujours plus, toujours plus haut ! ». Malgré ses difficultés financières récurrentes, les promoteurs ont déposé auprès de la préfecture une demande de renouvellement et de rehausse des 6 éoliennes. Renouvellement accepté sans consultation des associations et riverains, mais rehausse refusée par l’armée (en cause le radar d’Audouze). Mais voilà que la « Grande muette » fait entendre un nouveau son de cloche et revient sur son veto initial. Quand on sait que l’implantation de plus de 160 éoliennes sur le seul PNR a été envisagée, ce revirement a de quoi faire peur !
Il faut que cette question soit débattue et que les choix énergétiques ne soient pas laissés aux seuls marchands. Éolien, hydraulique, nucléaire, bois-énergie, solaire et «agrivoltaïsme», filière bois-énergie, lithium : De quelle énergie avons-nous besoin ? Comment la produire au mieux ? Avec quelles conséquences ? Comment sommes-nous associés ou dépossédés de ces choix ? La question de l’énergie est centrale et le Syndicat entend s’en saisir davantage.
Pour contribuer à la réflexion et créer un groupe de travail : syndicat-montagne@ilico.org
L’opposition aux éoliennes industrielles est porté à Peyrelevade par l’ADVPPG (Association de défense du vivant et de protection des paysages des plateaux de Gentioux).
Contact : 0682 77 66 96
Et à Nedde par ESC Énergie Solidarité Culture.
Contact : energiesolidariteculture@gmail.com