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Mission d’information parlementaire à Meymac – L’intervention du Groupe Forêt

Le 27 mars 2023 s’est tenu dans le salle des fêtes de Meymac une table ronde dans le cadre de la mission d’information parlementaire sur « l’adaptation au changement climatique de la politique forestière et la restauration des milieux forestiers ». Le Groupe Forêt du Syndicat de la Montagne Limousine était convié à la table des associations pour présenter ses actions ainsi que pour faire part de ses principaux constats et de ses principales propositions. Voici un extrait de son intervention.

Présentation du Groupe Forêt

Le Syndicat de la Montagne Limousine est une association d’habitantes et d’habitants du Plateau de Millevaches qui se regroupent pour défendre des intérêts communs sur le territoire. Il est constitué de plusieurs groupes qui s’intéressent à de nombreux sujets à l’échelle locale : transports, entraide administrative, soutien psychologique, accueil des exilés, logement, eau, éducation… et bien sûr forêt.
Depuis plus de deux ans nous, le groupe forêt, nous mobilisons et nous intéressons à la gestion des forêts (et des plantations) sur le Plateau de Millevaches, dans l’enceinte du Parc Naturel Régional. Nous œuvrons pour un changement des pratiques forestières actuelles. Nous considérons que ces pratiques sont d’arrière-garde.

Les actions du Groupe Forêt, pour n’en citer que quelques-unes, sont les suivantes : 
– Nous organisons des formations à la sylviculture « douce » (gestion durable, futaie irrégulière, couvert continu), 
– Nous veillons activement à la sauvegarde des forêts de feuillus grâce à l’outil numérique VigieFeuillus que nous avons développé,
– Nous rencontrons des acteurs de la filière bois pour comprendre leurs enjeux, leurs conditions de travail et dialoguer avec eux,
– Nous organisons des évènements : par exemple la marche en 2021 pour des forêts vivantes de Meymac à Millevaches, regroupant près de 500 personnes, 
– Nous soutenons des luttes locales comme celle récente du Bois du Chat.

Principaux constats

Le principal constat que nous faisons, comme beaucoup d’associations autour de cette table mais aussi d’autres acteurs de la filière, est le suivant : la coupe rase, que ce soit sur des plantations de résineux ou sur des forêts de feuillus est de loin la pratique majoritaire pour récolter du bois sur le plateau de Millevaches et ses alentours.
Ces coupes rases, complétées bien souvent par le dessouchage entraînent l’érosion des sols, leur tassement et donc leur désertification, la disparition de certaines espèces et une érosion générale de la biodiversité. 

Nous constatons également que les forêts de feuillus, diversifiées et pleine de vie, sont massivement rasées pour y replanter des résineux. Le sapin de douglas est l’arbre le plus planté, alors que cet arbre n’est pas bien adapté au changement climatique. Notons aussi que les résineux captent une plus grande quantité d’eau que les feuillus. 

Qui plus est, le modèle sylvicole actuel a des conséquences notoires sur le cycle de l’eau. Le PNR y fait allusion dans son journal de février, où l’eau est qualifiée « d’or bleu menacé par le changement climatique ». Nous constatons aussi qu’il est fréquent que des cours d’eau soient détériorés lors des interventions forestières. 

Autres constats, tout ce bois prélevé part parfois loin et dans des usages qui se valorisent peu économiquement (comme la plaquette pour bois énergie par exemple). Par ailleurs le modèle actuel a des répercussions sur le plan économique et sur le plan social. Parmi elles :
– Fermetures de scieries locales à taille humaine et donc perte d’emplois, 
– Routes dégradées par le passage des grumiers et donc problèmes de sécurité routière,
– Bûcherons sous-payés, avec un statut précaire, alors que c’est une des professions les plus dangereuse au monde,
– Entrepreneurs de travaux forestiers pressurisés par des contrats d’approvisionnement, pressurisés par des objectifs de rendement et de rentabilité, pressurisés par le remboursement de leurs machines aux coûts exorbitants.

Ces pratiques sont subventionnées par de l’argent public, les aides de la régions et/ou le plan de relance. 

D’après l’association Canopée Forêts Vivantes : Le gouvernement a fléché 200 millions d’Euros vers la filière forêt-bois et 87% des projets financés par le plan de relance impliquent des coupes rases.

Enfin, les Plans Simples de Gestion (PSG) ne sont pas publics ce qui opacifie la gestion forestière et ses financements. 

Principales propositions

Ainsi nos principales propositions sont les suivantes : 
– Premièrement, nous souhaitons que les Plans Simple de Gestion soient rendus publiques et que tout un chacun puisse les consulter. 
– Deuxièmement que la pratique du dessouchage soit interdite,
– Ensuite qu’ait lieu un reflêchage des financements (plan de relance et aides de la régions) vers des pratiques sylvicoles plus respectueuses de l’humain et de l’environnement : sylviculture douce, couvert continu, futaie irrégulière, petites scieries locales. 
– Enfin nous souhaitons une législation interdisant formellement la pratique de la coupe rase sur les forêts de feuillus (futaies et accrus), cela pour les préserver et avoir des forêts d’avenir, mais aussi pour éviter qu’elles ne soient remplacées par des plantations de résineux. Pour rappel, nos voisins suisses ont déjà interdit toute coupe rase depuis 1902 !

Nous sommes aujourd’hui conscients de tous les services que nous rendent les forêts ! Nous savons aussi à quel point la tâche d’adaptation au changement climatique qui nous attend est grande ! En effet, le climat change vite et les catastrophes sont plus fréquentes ! Canicules, incendies, sécheresses, grêle, inondations, ouragans, on a même eu une tornade en Creuse il y a à peine quelques semaines ! Les forêts endémiques, vivantes et diversifiées, sont plus résilientes face au changement climatique. 

La restauration des milieux forestiers est donc cruciale pour le climat, la biodiversité et l’Humanité, elle est indispensable pour notre santé et celle de la planète !

Pour des forêts vivantes, il est temps de changer nos pratiques sylvicoles

Depuis plus de deux mois, des habitant·es du Plateau de Millevaches sont mobilisé·es pour empêcher la coupe rase du « Bois du Chat » , une forêt sur la commune de Tarnac. Un ensemble de personnalité·es appellent à faire évoluer la réglementation nationale. «Face à la catastrophe climatique et à la chute désastreuse de la biodiversité, les forêts sont nos alliées et il est urgent de reconsidérer la politique forestière dans son ensemble.»

Une tribune parue dans Mediapart le 4 mars. À lire en entier ici.

Contre la coupe rase du Bois du Chat : la mobilisation se renforce, le chantier est toujours à l’arrêt

À Tarnac, des habitant.es sont mobilisé.es depuis maintenant 2 mois pour empêcher la coupe rase d’une forêt de feuillus. Le Bois du Chat est en passe de devenir le symbole des enjeux liés à la question forestière sur la Montagne limousine : en zone Natura 2000, sur les pentes fortement sensibles des bords de Vienne, cette forêt est destinée à être totalement rasée pour laisser place à une plantation de résineux. Une logique strictement financière, encouragée par les subventions du Plan de relance, qu’une large partie de la population n’accepte plus.

Le chantier est à l’arrêt depuis mi-décembre quand les premières alertes ont été lancées par quelques habitant.es de Tarnac découvrant le projet d’une coupe rase sur cette parcelle peuplée de chênes et de hêtres. Informé de la situation, le PNR Millevaches a fait une proposition à la propriétaire : 45000 euros pour laisser la forêt intacte en signant un contrat Natura 2000. Depuis la banlieue parisienne où elle réside, la propriétaire, qui possède sur le Plateau des centaines d’hectares, a refusé cette offre et décidé de passer en force. Lundi 13 février, la société Argil en charge du chantier a donc tenté de reprendre les travaux.

C’était sans compter la détermination du Comité de défense du bois du Chat (email, page Facebook). Dès 7h, une cinquantaine de personnes étaient présentes sur place pour empêcher le redémarrage du chantier et affirmer sa position : Non aux coupes rases de feuillus. Le rassemblement était pacifique, café et croissant accueillaient les bûcherons, eux-mêmes venus à contre-cœur sur ordre de leur patron. Les gendarmes présents n’ont pu que constater que l’impossibilité d’effectuer les travaux dans ces conditions, affirmant pour certains « partager nombre de [nos] convictions ».

Le lendemain, la préfecture de Corrèze publiait un arrêté interdisant le stationnement des véhicules sur toutes les routes et chemins menant au bois, invoquant un « risque de trouble à l’ordre public » et agitant désespérément la dérisoire menace de « l’ultra-gauche ». Pas de quoi affaiblir la mobilisation des habitant·es qui continuent à s’organiser joyeusement pour les veilles matinales malgré les rondes des gendarmes et les tentatives d’intimidation. Le combat se mène également sur le plan juridique car il y a des doutes sur la régularité du plan de gestion dont relève la parcelle.

Parce que le cas du Bois du Chat est emblématique d’une logique économique qui a déjà largement montré sa responsabilité dans la destruction des espèces et des milieux de vie, cette mobilisation est aujourd’hui relayée par de nombreux médias : en plus de la presse locale (La Montagne, France 3, France Bleu), des médias nationaux comme Mediapart, Reporterre, Canopée donnent une écho retentissant à cette lutte. En effet, s’il s’agit de « sauver le Bois du Chat », l’enjeu est aussi, depuis là, de faire évoluer la réglementation nationale et faire advenir des pratiques forestières respectueuses des humains et des milieux, comme c’est le cas chez nombre de nos voisins européens.

Rassemblement contre l’agrandissement de la scierie industrielle SAS Farges à Égletons (Corrèze)

Jeudi 1er décembre 2022 à 14h place Henri Chapoulie


À l’appel de l’association AssoCitra, le Syndicat de la montagne limousine rejoint la Confédération paysanne, Sources et rivières du limousin, le Modef, Saint Junien environnement, Faîtes et racines… pour dire :

Non à l’agrandissement de la scierie industrielle
SAS Farges à Égletons,
Non aux expropriations,
Oui aux petites scieries capables de préserver
nos forêts vivantes et diversifiées !

À Égletons, en Corrèze, la scierie industrielle SAS Farges, qui appartient au groupe Piveteau Bois, ambitionne de doubler ses capacités productives pour devenir la première scierie industrielle de France. Le volume de bois qu’elle convoite de traiter annuellement représenterait plus de la moitié du bois de sciage produit chaque année en Limousin*.

La SAS Farges a construit son modèle économique sur l’exploitation intensive d’arbres issus de la monoculture de résineux. Ces forêts, calibrées pour répondre aux besoins des industriels, sont appelées à devenir principalement de la palette à destination du transport mondialisé et du bois énergie… 

Pour son agrandissement la SAS Farges prévoit de s’étendre sur une habitation, des terres agricoles et des zones humides alors qu’aujourd’hui une personne y vit et des agriculteurs et agricultrices y travaillent. Par l’intermédiaire de la préfecture et des collectivités locales, les intérêts de l’industriel sont en train de s’imposer. Les terres agricoles ont été requalifiées en terres industrielles et le projet a obtenu une « Déclaration d’Utilité Publique » accompagné d’1 million d’euros du plan de Relance. Ainsi, l’État s’apprête à exproprier des habitants pour que la SAS Farges s’étale. Le jeudi 1er décembre, c’est la première étape d’une procédure juridique d’expropriation qui est programmée.

Nous, habitantes et habitants des territoires du limousin, sommes directement impacté·es par l’industrie forestière et l’agrandissement de la SAS Farges représente une véritable menace : à longueur d’année, dans notre région, des forêts diversifiées composées de feuillus de tout âge sont rasées pour être remplacées par des monocultures de résineux néfastes à la biodiversité, à la qualité de l’eau et à la fertilité des sols. Mais la SAS Farges représente aussi une menace pour le développement d’une filière bois locale respectueuse de son environnement social et naturel.

C’est pourquoi le Syndicat de la montagne limousine répond à l’appel de l’association Associtra pour le rassemblement du 1er décembre 2022. Ce n’est pas au marché mondial du bois ou de l’énergie de décider de l’avenir des forêts limousines, ni aux grands groupes d’intérêts privés de condamner, avec la complicité des pouvoirs publics, des habitants à l’expropriation !

Retrouvons-nous nombreuses et nombreux à Égletons, pour se rencontrer, s’informer, et dire NON AUX EXPROPRIATIONS, OUI À DES FORÊTS VIVANTES ET DIVERSIFIÉES !

Info pratique : associtra@orange.fr / foret@syndicat-montagne.org
Parking possible : Centre Aquarécréatif de Ventadour

* https://nouvelle-aquitaine.cnpf.fr/sites/nouvelle-aquitaine/files/2022-02/srgs_limousin.pdf 
* https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/061122/l-extension-d-une-mega-scierie-fait-craquer-la-correze

Vigiefeuillus : outil collaboratif de sauvegarde des forêts de feuillus

La journée pour la sauvegarde de nos forêt de feuillus organisée par le Groupe Forêt du Syndicat ce dimanche 10 juillet 2022 a été l’occasion d’inaugurer VigieFeuillus !

Télécharger la notice d’installation de l’application.

Télécharger la notice de présentation de Vigiefeuillus.

Installation en bref

VigieFeuillus est un outil collaboratif créé pour permettre aux habitant-es de la Montagne Limousine d’agir pour la sauvegarde des forêts de feuillus présentes sur le territoire.

Sur le plateau de Millevaches, les forêts de feuillus sont de plus en plus la cible de pratiques sylvicoles industrielles. Coupées à ras, elles sont ensuite remplacées par des plantations de résineux en monoculture – notamment financées par des aides publiques (plan « France relance » de l’État et aides de la Région).

Le constat est largement partagé sur les conséquences néfastes de telles pratiques forestières. Habitant-es du territoire, nous ne souhaitons plus rester impuissant-es face à la destruction de ces forêts pleines de vie, mais bien trouver des solutions pour éviter à tout prix leur disparition grandissante.

Le but de cet outil est de créer un réseau d’habitants et habitantes conscientes des enjeux liés à la sauvegarde des forêts de feuillus. Il permettra de s’informer des coupes de parcelles de feuillus récentes, en cours et à venir, afin d’intervenir auprès des propriétaires pour les sensibiliser à d’autres modes de gestion et leur permettre in fine de ne plus opter pour des coupes à blanc.

Installation en bref

  • installez l’application Wire puis créez votre compte
  • demandez à vous connecter au compte @vigiefeuillus
  • attendez que la demande soit acceptée (cela peut prendre quelques heures).
  • Félicitations ! Vous pouvez participer aux alertes et vous tenir informé·e. Pour des informations cadastrales précises vous pouvez utiliser Géoportail

Journée pour la sauvegarde de nos forêts de feuillus

Sur le plateau de Millevaches, les forêts de feuillus sont de plus en plus la cible de pratiques sylvicoles industrielles. Coupées à ras, elles sont ensuite remplacées par des plantations de résineux en monoculture – notamment financées par des aides publiques (plan « France relance » de l’État et aides de la Région) – qui seront gérées en futaie régulière. Forestiers, habitants, propriétaires, randonneurs ou cueilleurs, nous nous sentons souvent impuissants face à la destruction de ces forêts pleines de vie.
Cette journée itinérante du dimanche 10 juillet, qui se déroulera entre coupe rase et forêt vivante, est organisée par le groupe forêt du Syndicat de la montagne limousine. Elle a pour but d’avertir sur le sort actuellement réservé aux forêts de feuillus locales et de présenter un outil participatif de veille foncière pour permettre à tout un chacun d’agir pour la préservation des forêts de feuillus sur notre territoire.

Matin : Rassemblement sur une coupe rase récente aux sources de la Vienne

Rendez-vous à partir de 9 h 45 au « Grand Tournant », près du croisement des D 36 et D 21, commune de Saint-Setiers (19).

Aux sources de la Vienne, sur un site classé Natura 2000, une coupe rase de 3 ha de
feuillus est apparue fin mai. Ce site naturel protégé avait pourtant fait l’objet de préconisations strictes de la part du PNR de Millevaches qui n’ont pas été respectées. Les conséquences de ce chantier sont irréversibles : un affluent de la Vienne a été bouché et la ripisylve (végétation sur les rives) durablement détériorée et plantée en résineux. Pour empêcher que ces pratiques ne se reproduisent, nous nous retrouverons près de la zone saccagée où nous inaugurerons un outil de vigilance forestière.

À midi, déjeuner sur place (apportez votre pique-nique !)

Après-midi : Balade dans une forêt de feuillus en gestion durable

Rendez-vous à 14 h 30 aux tables de pique-nique de Lombarteix sur la D 982 entre Le Mas d’Artige et la Courtine. À 20 km du rendez-vous du matin (compter 15 minutes en voiture).

À la Courtine, un propriétaire forestier expérimente depuis plusieurs années une gestion alternative de ses parcelles. Il nous présentera, en compagnie d’un enseignant forestier et d’un habitant bûcheron, une conduite en couvert continu de forêt mélangée, dans le respect des milieux naturels. Une seconde présentation du nouvel outil de vigilance forestière aura lieu.

Nous finirons la journée sur un goûter aux tables de pique-nique.

Contact : foret@syndicat-montagne.org

Les coopératives forestières dépassent les bornes

AUBUSSON – 19 avril 2022 – Ce jour, quelques semaines après l’inauguration des nouveaux locaux de la Coopérative forestière Bourgogne Limousin (CFBL) à Aubusson, des membres du groupe forêt du Syndicat de la montagne limousine ont déroulé une banderole ayant pour intitulé « CFBL dépasse les bornes » sur la façade du bâtiment du nouveau site.

Cette action vise à dénoncer :

1°/ Certaines pratiques des coopératives forestières dont les intérêts économiques mettent toujours plus en danger les forêts diversifiées et leur écosystème.

2°/ Le volet forestier du plan de relance qui a été négocié par la filière bois avec le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, dans la plus stricte opacité durant l’été 2020. Comme le révèle l’enquête menée par l’association Canopée sur Le bilan caché du plan de relance forestier1 ce plan s’apparente à une promesse de destruction des jeunes forêts diversifiées pour être remplacées par des plantations de résineux après coupe rase sur fonds publics.

3°/ Les pratiques de désinformation et de greenwashing2 de la CFBL et de la filière bois lors de leurs communications (articles de presse ou site internet).

Précieuse pour la construction, le chauffage ou encore le papier, la forêt peut fournir une activité utile à un grand nombre de personnes sur le territoire. Cependant les pratiques majoritaires des coopératives forestières et de la filière sont insoutenables au vu des enjeux actuels de la biodiversité et du climat, « elles dépassent les bornes » !

Le groupe forêt du syndicat dénonce en particulier la pratique de la coupe rase (notamment des forêts de feuillus, dont la surface diminue à grande vitesse) suivie du dessouchage et de la mise en andain des souches et des résidus de coupe. Cette pratique entraîne la destruction des sols, des ressources en eau et de la biodiversité. La replantation des parcelles ainsi coupées à blanc en monoculture de résineux donne naissance à des plantations fragiles, pauvres en biodiversité et peu résilientes face au changement climatique. Ces pratiques mettent donc en péril l’avenir même de nos forêts, de la filière bois, des emplois associés et des habitants du territoire. Qui plus est, elles sont financées avec de l’argent public via le plan de relance forestier3.

Le groupe forêt du SML souhaite également réagir face à une campagne de désinformation de la CFBL et de l’Union de la coopération forestière française. Des communications récurrentes tentent de faire croire que « certaines associations » exerceraient des violences à l’encontre des coopératives, des travailleurs de la forêt ainsi que des propriétaires de bois. Le groupe forêt tient à affirmer son attachement au dialogue avec les professionnels de la forêt et à la non-agression des travailleurs forestiers. L’action d’aujourd’hui vise bien à dénoncer des pratiques violentes pour le vivant. N’inversons pas les responsabilités !

Enfin le groupe forêt dénonce le greenwashing des coopératives forestières comme la CFBL, autre forme de désinformation. Sur son site internet, la coopérative forestière prétend améliorer les forêts, « pour ses adhérents, pour la société et pour les générations futures » et contribuer « à la lutte contre le réchauffement climatique ». La CFBL est aussi signataire de la Charte forestière de territoire du Parc naturel régional de Millevaches qui prévoit « l’amélioration de la résilience des écosystèmes forestiers et de la filière bois ». Sur le papier, ces engagements sont tout à fait honorables. Mais sur le terrain, les pratiques diffèrent et parfois l’écart s’apparente à un précipice. Sur l e site de la CFBL on peut même lire que la pratique de la coupe rase recrée une diversité, renouvelle les forêts et permet même, à terme, de les préserver4. Difficile de croire de telles affirmations quand on s’intéresse de plus près à cette pratique. En même temps, on peut toujours croire au père Noël… Cela n’a rien d’étonnant venant de marchands de sapins.

Ce double discours doit cesser : le groupe forêt attend de la part des coopératives forestières qu’elles prennent leurs responsabilités et se soumettent à un dialogue démocratique pour répondre aux attentes de la société civile au regard de la crise écologique et sociale en cours.

1. Rapport de Canopée pouvant être consulté ici.

2. Greenwashing ou « écoblanchiment » : procédé utilisé par une organisation pour se donner une image trompeuse de responsabilité écologique. Très souvent, en pratique, les actions de l’organisation faisant du greenwashing polluent ou détruisent l’environnement.

3. Voir rapport de Canopée mentionné ci-dessus.

4. Articles de CFBL sur la pratique de la coupe rase disponibles ici et .

Déclaration de la première rencontre des luttes forestières

Ce texte est un appel à toutes celles et ceux qui se sentent touchés et affectés par ce qui se joue dans nos forêts. Écrit à l’issue de la première rencontre des luttes forestières, en France, à Nestier (65), il invite à faire des forêts un nouveau point de ralliement pour le mouvement social contre la main mise des industriels, des aménageurs et de la finance.

Partout en France, la mobilisation contre l’industrialisation des forêts s’intensifie. Poursuivons-la !

Du 10 au 13 mars 2022, une quarantaine de délégations venues de toute la France et plus d’une centaine de personnes se sont retrouvées dans les Hautes-Pyrénées pour poser les bases d’un mouvement populaire de défense de la forêt. Venus d’horizons divers, ces collectifs ont décidé de faire front commun contre l’industrialisation de la filière.

Nous sommes profondément animés par le respect de la démocratie et, pour que nos forêts restent vivantes, nous défendons l’idée qu’elles soient considérées comme des communs naturels que nous devons protéger de la malforestation. Des alliances se dessinent pour faire des forêts le coeur vibrant d’une nouvelle relation au vivant.

Nous ne voulons plus être les spectateurs de la dégradation et de la marchandisation de nos forêts. Nous en avons assez des coupes rases et des logiques extractivistes qui malmènent les écosystèmes. Nous en avons assez du cynisme des dirigeants qui démantèlent le service public forestier. Nous exigeons l’arrêt immédiat de la privatisation de l’ONF, les embauches de fonctionnaires assermentés pour répondre à leurs missions d’intérêt général.

Il est temps d’agir et de nous retrouver. En automne dernier, nous étions déjà des milliers à manifester dans le cadre de l’Appel pour des forêts vivantes. Des carnavals sauvages ont retenti dans les bois, des militants ont planté des feuillus sur d’anciennes coupes rases, des manifestants sont venus scander leur colère devant le siège des institutions. Tandis que d’autres, s’appuyant sur l’éducation populaire, ont mis en lumière la beauté de nos alternatives, celles d’une sylviculture proche de la nature ou de forêts laissées en libre évolution, celles de savoir-faire ancestraux et de pratiques douces, attentives, aux cycles de la forêt.

Ce n’est que le début. Le mouvement a vocation à grandir. Rejoignons nos collectifs locaux et nos associations sur le terrain. Dans les prochains mois, une nouvelle mobilisation aura lieu.

La forêt n’est pas qu’un gisement de biomasse, une zone d’aménagement différé ou un simple puits de carbone, la forêt c’est avant tout un écosystème dont nous faisons pleinement partie. Nous sommes de plus en plus nombreux à partager cette réalité sensible. Dans la lutte, nous avons tissé de nouvelles amitiés, découvert de nouveaux sentiers. Nous ne nous arrêterons pas là.

Des luttes syndicales aux occupations, des naturalistes aux professionnels de la forêt et du bois, des associations environnementales aux collectifs citoyens, nous tissons le fil d’un même combat pour des forêts vivantes.

Nous sommes tous et toutes solidaires. Nous exigeons l’arrêt de tous les projets industriels inutiles et surdimensionnés et notamment la fin immédiate du projet FLORIAN à Lannemezan.

Alors que des dizaines de milliers de personnes défilent dans les rues ce week-end pour appeler à une politique climatique plus ambitieuse, il n’est pas inutile de rappeler que la forêt est en première ligne face au réchauffement climatique. Tout en nous sentant reliés à ces manifestations, nous invitons tous celles et ceux qui y participent à venir avec nous arpenter les chemins creux de nos forêts et à les défendre avec joie et détermination. Nous nous engageons solennellement à développer tous les moyens pour rassembler les luttes qui intègrent nos revendications et nos espoirs d’humanité. Ensemble, nous ferons pousser une jungle, un maquis inextricable qui fera reculer les machines et leur monde du profit.

Les participant.e.s aux rencontres

Des participant.es aux rencontres © Régis Lindeperg

MARCHE POUR DES FORÊTS VIVANTES

Pour le partage d’une culture forestière sur la montagne limousine

Rendez-vous devant le lycée forestier de Meymac à 9h30, départ à 10h précises. Arrivée à Millevaches prévue vers 18h. Apportez de quoi vous restaurer ! Une navette à Millevaches sera là pour vous raccompagner à Meymac si nécessaire.

Le 17 avril 2021 plus de cent personnes étaient rassemblées sur une coupe rase à Faux-la-montagne pour dénoncer le pillage d’une forêt de feuillus, le 2 août 2021 paraissait à l’initiative de plusieurs collectifs d’habitant.es, associations, syndicats et forestiers de toutes les régions un appel à mobilisation nationale pour la préservation des forêts en France : L’Appel pour des forêts vivantes. Le week end du 16-17 octobre est la date de lancement de cette année de mobilisations.

En réponse à cet appel et pour prolonger la mobilisation sur notre territoire, en terre de la montagne limousine, nous invitons à une grande marche le samedi 16 octobre de Meymac à Millevaches, de l’école forestière au siège du Parc naturel de Millevaches. Cette marche a pour but de placer au cœur de l’espace public les enjeux environnementaux et sociaux de la forêt depuis l’expérience que nous, habitant-es du territoire, professionnel-les ou non, faisons de nos paysages naturels que nous souhaitons préserver vivants et diversifiés.

En solidarité avec un grand nombre des acteurs du bois, dont les professions sont mises à mal par des exigences de rendement intenables et dont le rôle pour la protection des forêts disparaît à mesure que son industrialisation s’impose à l’ensemble de la chaîne de production, nous souhaitons provoquer avec cette marche une dynamique populaire de prise de conscience collective d’un contexte environnemental qui nous concerne tous. Ainsi nous appelons chacune et chacun qui se retrouve dans l’idée de se réapproprier les questions environnementales, dont elles et ils ont été écartées, à dépasser leurs préjugés et à rejoindre cette marche pour des forêts vivantes.

Sur la route, nous ferons deux haltes pour échanger nos points de vue et interroger nos certitudes.

• Lors de la première halte, au Mont Bessou, nous parlerons de ce qu’est une forêt authentiquement vivante parmi les milieux diversifiés de la montagne limousine.

• Lors de la seconde, nous parlerons de la forêt française dans l’espace de la globalisation, de la filière bois et des biens communs.

Notre histoire nous réserve des surprises. En 1977, aux Bordes, on marchait contre l’enrésinement du plateau et les horizons bouchés par les plantations. Quarante-cinq ans après, mal aimée, plantée ou en libre évolution depuis la déprise agricole, la forêt limousine est devenue une composante essentielle de nos milieux de vie. Le 16 octobre, nous marcherons contre les coupes qui transforment n’importe quel arbre de n’importe quel âge en matière brute pour l’industrie. Marcher pour la forêt en 2021, ce n’est qu’une autre façon de combattre la même logique folle qui entraînait à l’époque la brutale transformation des paysages au nom du productivisme.

En participant à cette marche sur la montagne limousine, rejoignez l’Appel pour des forêts vivantes pour faire face à la destruction galopante des régions forestières. Rendez-vous devant le lycée forestier de Meymac à 9h30, départ à 10h00 précise. Arrivée à Millevaches prévue à 18h00. Apportez de quoi vous restaurer. Une navette à Millevaches sera là pour raccompagner les participant-es à Meymac.

Nous contacter : foret@syndicat-montagne.org

Infos pratiques

Les informations pratiques seront actualisées chaque jour avant la marche, pensez à les consulter régulièrement.

Outil de covoiturage pour se rendre au départ de la marche : https://mensuel.framapad.org/p/covoitmarchefor3ts

Navettes retours : à partir de 18h15, un bus effectuera des allers-retours entre Millevaches et Meymac pour ramener en priorité les conducteurs de voitures, afin qu’ils viennent eux-mêmes chercher leurs co-voitureurs à Millevaches. Quelques voyages jusqu’au Mont Bessou pourront également être effectués pour les personnes ayant garé leur voiture là-bas. Pour simplifier les trajets de la navette, n’hésitez pas à covoiturer le matin depuis Millevaches ou à proposer de ramener des personnes à Meymac une fois que vous avez votre voiture à Millevaches.


Une petite buvette à prix libre sera installée au Mont Bessou et à chaque arrêt de la marche pour se restaurer : pensez à prendre un peu d’argent liquide ! L’argent servira à rembourser les frais d’organisation.